Boutiers-Saint- Trojan: Maurice Dupont double sa production de …

Le luthier de Boutiers-Saint-Trojan va passer d’une production de 300 guitares à 600 par an. Il a signé un accord avec une marque allemande. Pour réussir le défi, il va réorganiser son atelier artisanal.

Maurice Dupont l’affirme, l’atelier de Boutiers-Saint-Trojan ne perdra pas son âme avec le doublement de la production.
Maurice Dupont l’affirme, l’atelier de Boutiers-Saint-Trojan ne perdra pas son âme avec le doublement de la production.. PHOTO/Photo S. U.

“Il va falloir pousser les murs”. Dans son atelier de Boutiers-Saint-Trojan où l’odeur de bois sec se mêle à celle de vernis frais, Maurice Dupont prend le temps de peaufiner le réglage d’une guitare. Mais il sait déjà que très vite, il lui faudra augmenter sensiblement la cadence. Un client allemand vient de confirmer la bonne nouvelle: il l’a choisi pour réaliser la fabrication de centaines d’instruments estampillés “Larson”. “Il a fallu six mois pour aboutir”, explique le luthier charentais à la réputation internationale: Thomas Dutronc, Sanseverino et Serge Teyssot-Gay (le musicien fondateur de Noir Désir) ne jouent que sur des “Dupont”.

L’artisan qui réalise avec ses salariés environ 300 guitares chaque année a fait un calcul: “Avec cet engagement, on va très vite doubler notre production.”

La production oui “mais pas le chiffre d’affaires” [750.000 euros, NDLR], tient-il à préciser: parce que, pour décrocher ce marché, le luthier devenu le spécialiste mondial des guitares jazz manouche a dû faire de grosses concessions: “On a tiré les prix sur tout”. Le jeu en vaut la chandelle estime-t-il: “Avec Larson, nous avons une occasion de pénétrer le marché allemand sur lequel nous n’existons pas” (1). Prendre pied outre-Rhin, c’est voir plus loin: “La vente de guitares là-bas c’est trois fois la France. Il y a deux à trois plus de musiciens que chez nous.”

Trois ou quatre embauches

Quelles perspectives en terme de création d’emplois ? Pas la peine de rêver, admet Maurice Dupont, le doublement de la production ne signifie pas que le nombre de salariés sera multiplié par deux. “On est passé de 12 à 15 personnes ces dernières années. Je viens d’embaucher quelqu’un. Il y aura bientôt un autre recrutement. Disons que ce marché nous permettra d’embaucher trois ou quatre personnes. Mais pas plus.”

Les maîtres mots pour relever ce défi, c’est “réorganisation” de l’atelier et “rationalisation” du travail. “Nous avons longtemps fonctionné dans une organisation du travail dit de A à Z, explique Maurice Dupont. Chacun des salariés était capable de réaliser un instrument du début à la fin. Désormais, on va davantage travailler en série. Certaines tâches seront répétées un certain nombre de fois pour gagner en rapidité”. Ambition: réduire le temps de fabrication par deux. Le début du travail à la chaîne ? Il s’en défend. “En fonctionnant ainsi, on gagne en dextérité”. La fin du travail artisanal ? Il conteste: “Ce n’est pas parce qu’on sectorise que le savoir faire disparaît. Et au final, la qualité de la guitare restera la même”.

Maurice Dupont, en Géo Trouvetout de la lutherie a déjà fabriqué des outils permettant d’adapter l’atelier à ce nouveau défi. Comme une machine pour plier les côtés de guitare. Il s’apprête à investir près de 25.000 euros dans une cabine pour sécher les vernis par ultraviolet.

“D’ici la fin du mois, j’espère pouvoir sortir une quarantaine de guitares”, envisage-t-il. L’atelier fait 500 m2 aujourd’hui. Il vient déposer un permis de construire pour disposer bientôt de 200 m2 supplémentaires.

(1) Maurice Dupont vend des guitares, entre autres, aux États-Unis, au Japon, en Italie, en Espagne et en France.



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Artisanat, Boutiers-Saint-Trojan

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