De nouvelles guitares made in Toulouse

Tous les musiciens vous le diront : entre les instruments bon marché, parfaits pour commencer dans la musique, et la lutherie haut-de-gamme, il y a souvent un gouffre. C’est à cette anomalie commerciale que s’attaque la maison toulousaine Greff, qui lance ces jours-ci sur le marché quatre nouvelles guitares. Un beau coup, rusé et innovant, à plus d’un titre.

Lancée par un financement en crowdfunding, c’est-à-dire en un système participatif, Olivier Greff propose des modèles en série limitée très abordables et équipés de pièces de qualité professionnelle. Pas de magasin, tout se fait sur commande. Et tout peut donc être personnalisable en terme de finition et d’équipement, au goût du musicien, qui choisit ses micros ou la couleur de son instrument parmi un panel proposé par le fabriquant en fonction d’essais réalisés au préalable. «Mes micros viennent des USA, les mécaniques de Corée, et la lutherie est réalisée en Chine par un ancien travailleur de chez Gibson», explique l’entrepreneur. Et comme les musiciens sont, c’est bien connu, de vrais mégalos, ils pourront même apposer leur signature sur l’instrument !

Une révolution par les cordes

Les guitares Greff pourraient fort bien allonger la liste des spécialités made in Toulouse. Leur créateur en égrène les nombreuses qualités qui, selon lui, devraient assommer la concurrence : «Leur gros avantage est d’être évidées au niveau des ouïes et donc creuses, et donc très légères ! Les Gibson et autres Fender ont fait leurs preuves en studio, mais sont des plaies en concert, car elles sont très lourdes. Parfois, les guitares ont un aspect, un look agréables, mais les micros, ou les mécaniques ne sont pas à la hauteur : moi, je propose au musicien de composer sa guitare idéale avec ses éléments préférés… et j’assemble le tout. Visuellement – je sais que les guitaristes sont attachés au look -, les miennes évoquent les formes des guitares mythiques comme la Télécaster.»

Surtout, la révolution Greff se fait par les cordes. Si la douze-cordes «Andalucia» est une guitare de style espagnol, dédiée au jazz et aux arpèges, la «Bohemia» innove carrément, avec une septième corde qui descend dans le grave et, encore plus fort, un autre modèle est décliné, lui, en version 10 cordes : les trois premières cordes sont doublées pour donner des graves surpuissants , et les quatre autres cordes simples permettant de jouer en solo, comme sur n’importe quelle guitare. On imagine déjà les nouvelles perspectives qui s’offrent ainsi aux guitaristes. Olivier Greff a d’ailleurs mis en place une série de vidéos sur YouTube dans laquelle des musiciens essayent – avec satisfaction – les nouveaux bébés Greff.

Le système de crowdfunding permet aux musiciens, en commandant directement au fabricant, d’obtenir de la très haute qualité à prix très bas. «Une guitare que vous paierez 450€ chez moi aura les caractéristiques et les qualités d’une guitare de marque – qui sont d’ailleurs souvent des ré-issues -, qui se vend, elle, au moins au double.» A vos médiators et partitions, les Toulousains !

Greff Guitars, tél : 09.5011.8761 [email protected] ; http ://greff.guitars.free.fr ; https ://www.facebook.com/pages/GREFF/809926442382019 ; http ://fr.audiofanzine.com/greff/

https ://www.youtube.com/channel/UCmTEreftPXu10y0Mw5gNefw


Toulouse, déjà le berceau des Guitares LAG

Les Greff ne sont pas les premières guitares à être créées à Toulouse. En 1978, les fameuses Lag virent le jour sous les mains du guitariste-chanteur Michel Chavarria, qui officiait alors dans le groupe progressif Madrigal. Passionné par le travail du bois, Michel s’était associé avec un ami rencontré à l’université, Daniel Delfour, et ensemble, ils avaient ouvert au 15 rue Laganne, dans le quartier Saint-Cyprien, un atelier de lutherie pour guitares. Michel Chavarria ne tarda pas à inventer ses propres modèles, élégantes et sobres : la Lag (à la fois le nom de jeune fille de sa mère et le diminutif de la rue Laganne!) était née. Les guitaristes locaux l’adoptèrent illico, bientôt suivis par quelques stars, comme Renaud. Cet adoubement décisif décida plusieurs magasins de l’Hexagone de commercialiser la Lag, qui connut une fort belle carrière. La Lag est toujours fabriquée… mais après avoir déménagé dans l’Hérault, dans de plus grands ateliers, la belle guitare, adoptée par Jean-Jacques Goldman, Keziah Jones et bien d’autres, est à présent réalisée en Chine.

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