Festival des guitares du monde: toutes les guitares du monde

Parlons d’une grosse semaine de musique. Quand le Dash 8 d’Air Canada – AC Jazz, bien sûr – nous a déposés à Rouyn-Noranda mardi, nous avions déjà raté l’étoile montante Bobby Bazini, le trio père-fils serbe Balkan Strings, Rémi Boucher, virtuose de la guitare classique, avec l’Orchestre symphonique d’Abitibi-Témiscamingue, le crack français de la guitare world Pierre Bensusan et Alan Parsons Live Project. Ouache!

Le Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue (fGMAT), on le voit de suite, porte parfaitement son nom. Sous une forme ou une autre, la guitare est présente dans chacun des 20 spectacles en salle de la programmation de cette manifestation musicale de huit jours. Du monde… Les fondateurs ont eu l’intelligence et le bon goût d’éviter le lourd qualificatif «international», même si certains des musiciens portent un passeport délivré ailleurs qu’à Ottawa. Descriptif à souhait, le nom «guitares du monde» évoque autant la provenance des artistes que l’esprit de leur musique.

Mardi, la dimension mondiale avait cédé la place à l’attachement régional pour le spectacle Spécial 10e – Histoires de guitares, commandité par la Ville de Rouyn-Noranda pour souligner le 10e anniversaire et du festival et de la nouvelle ville fusionnée (2012). Gildor Roy, chanteur, animateur et comédien originaire de Cadillac, a animé avec son humour habituel ce gala quasi familial qui n’en a pas pour autant évacué le caractère international de la soirée… Tout en mettant l’Abitibi sur un pied d’égalité avec le Saguenay pour l’attachement de ses artistes à leurs souches.

Rémi Boucher en ouverture

Ainsi, le gala s’est ouvert avec Rémi Boucher, lauréat de maints prix internationaux (voir remiboucher.com) et originaire de Cléricy, une des composantes (comme Cadillac) de la nouvelle ville de Rouyn-Noranda. Rémi Boucher, qui partage sa vie entre Québec et l’Estonie où il a pris femme, est toujours le porte-étendard du fGMAT qu’il a mis sur pied avec Jean-Charles Coutu, l’ancien «juge volant» de la Cour du Québec, et Alain Vézina, un fin connaisseur de musique qui, hier encore, était toujours chroniqueur culturel à Radio-Canada Abitibi-Témiscamingue.

La plus belle histoire de guitare de la soirée a été racontée par Louis-Philippe Gingras (de Rouyn-Noranda) qui a acquis la guitare avec laquelle l’ancien Jérola Jérôme Lemay avait joué au Ed Sullivan Show en 1963; M. Lemay, qui était né à Béarn, dans le Témiscamingue, est mort au printemps de 2011, 10 jours après s’être effondré pendant un spectacle à la Place des Arts – La Presse y était – avec ladite guitare dans les mains.

Gingras – il a chanté Méo Penché en duo avec Chantal Archambault – est l’un des trois participants de ce gala que l’on pourra voir aux FrancoFolies, avec Philippe B., conteur de talent comme Gingras et Bourbon Gautier, et Diane Tell. La fille de Val-d’Or a été parmi les premières Québécoises à s’accompagner à la guitare, qu’elle doit se faire fabriquer sur mesure, sa petite taille l’empêchant d’en choisir une «off the rack», comme l’a souligné Gildor Roy… La foule chaleureuse du Centre des congrès du Vieux-Noranda a vu que l’instrument que la résidante de Biarritz tenait pour chanter Gilberto «fittait» parfaitement.

Jacques Michel, lui, n’avait pas sorti sa guitare depuis 10 ans avant l’hommage que Rouyn-Noranda, sa ville natale, lui a rendu. Rien n’y paraissait quand, appuyé par les frères Yves et Marco Savard, il a chanté Mon petit camarade, Voyez-vous le temps qu’il fait? et, avec tout le monde dans une magnifique finale, Pas besoin de frapper. Le monsieur chante encore… Un beau moment en Abitibi. Sans Richard Desjardins, son plus illustre fils, qui a envoyé une vidéo où il ne chantait pas. Ah…

Beau moment pareil, comme la rencontre impromptue, le lendemain, entre le duo de costard jazz américain de Frank Vignola et Vinny Raniolo et le duo canadien de l’Albertain Calum Graham, une découverte de GMAT, et du Montréalais Don Ross. Quatre guitares qui jouent comme du monde…

Hier soir, en enfilade, c’était le multi-instrumentiste Michael Jerome Brown, les 14 fois 6 cordes de l’éco-formation montréalaise Forestare, et l’inclassable virtuose Robert Michaels. En voulez-vous, de la «guit»?

Tout ça sur le bord du lac Osisko, avec du monde sympa, efficace et, contrairement à Québec, disons, sans le moindre complexe vis-à-vis la métropole. Comme le dit la campagne Valorisation Abitibi-Témiscamingue: «Nous ne sommes pas à 600 km de Montréal; c’est Montréal qui est à 600 km de nous.»

Même millage et, de toute façon, comme le chante justement Louis-Philippe Gingras, il faut Traverser le parc

À l’agenda

Stochelo – Trois soirs de suite, il avait mis le feu à la rue, au Festival de jazz de 1991, et il n’est revenu que 13 ans plus tard (au Métropolis). Revoici Stochelo Rosenberg, un des grands de la guitare manouche, dans la série jazz du Festival de musique de chambre de Montréal, ce soir, 19h30 à l’église St. George (Peel/De La Gauchetière). Si vous n’avez jamais entendu un héritier direct de Django…

Steve – Sur les mêmes cordes, mais dans un tout autre ordre, Steve Strongman, lauréat du Juno de l’album blues et champion des Maple Blues Awards 2013, donne demain à l’Astral le premier concert de sa tournée Let Me Prove It to You, du titre de son nouveau CD. À découvrir.

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