Internationales de la guitare : la généreuse exhibition de Joseph …

Grand moment : Joseph Arthur chante une poignante folk song, accompagné par une boucle de guitare et un rythme minimaliste, tout en peignant une toile de belle facture !

Chanteur surdoué mais torturé, l’Américain Joseph Arthur s’est produit vendredi en petit comité au Rockstore à l’invitation des Internationales de la guitare. Plus qu’un concert : une démonstration de ses multiples talents ! 

Pour leur troisième et dernière escale au Rockstore, les 18e Internationales de la guitare avaient eu l’élégance de programmer un artiste né pour jouer dans le temple binaire de la rue de Verdun : Joseph Arthur. Du reste il s’agissait de son troisième passage dans le lieu après une mémorable “Black Session” de Bernard Lenoir au siècle dernier et un tout aussi fantastique passage avec son groupe d’alors Lonely Astronauts (sans oublier, entre temps, une prestation en solo à Victoire 2).

Entre indie folk-rock branché et rock traditionnel américain


Bref il allait s’agir de rock, qui plus est américain, qui plus est par un antihéros dont seul l’ex-Nouveau monde semble avoir la formule. Un surdoué tourmenté, tiraillé entre son envie de reculer les frontières et de s’inscrire profondément à l’intérieur d’icelles, s’échinant donc à défricher les avant-gardes indie rock (ses premiers albums, divers enregistrements plus ou moins confidentiels ensuite) et de cultiver le traditionnel roots rock (ses derniers albums).  C’est d’ailleurs dans la schizophrénie de cette ambition que se situe la beauté du rock “arthurien”, sa grandeur et forcément son échec.

Une démonstration à la guitare électrique

Mais trêve de bavardage (favorisé hélas vendredi par deux premières parties sur lesquelles nous ne nous étendrons pas…), voilà que Joseph Arthur entre en scène. Silhouette filiforme, lunettes de soleil, blouson noir, mâchoire volontaire, cheveux courts… Il a la beauté, ambiguë, toxique, des papillons de nuit qui peuplent les couplets de Lou Reed.  

Passons vite sur les deux musiciens qui l’accompagnent, correctes, efficaces, jamais plus intéressants que discrets dans les clair-obscures de l’antistar. Elle, au contraire, a étonnamment soif de lumière : dès que l’opportunité se présente, il déchire son morceau d’un solo de guitare herculéen dans le plus pur style post-hendrixien de, disons, Mike McCready (Pearl Jam). Dans l’assistance, les plus vieux fans de l’artiste n’en reviennent pas… et partiraient presque !

Il peint un tableau pendant son propre concert

Ils vont s’y faire, tant bien que mal car notre homme multiplie les prouesses avec sa Fender Stratocaster. On admire la technique mais on regrette parfois le déséquilibre que cet exhibitionnisme un peu onanistique provoque à l’intérieur de chansons par ailleurs bellement mélancoliques. On goûte plus ses passages minimalistes, juste voix (rauque, plaintive, sublime) et guitare (acoustique ou électrique). On apprécie aussi le coup du sort qui prive le bassiste de son amplification et oblige le groupe à revenir in fine aux boiseries !

Surtout on est ébaubi par sa manière toute personnelle de mettre en scène ses dons. Le voir peindre un (beau) tableau sur scène tout en chantant une chanson folk troublante de sa voix déchirée, croyez-nous, c’est quelque chose ! Sympa, le surdoué prendra, sa performance terminée, tout son temps pour se raconter à ses fans, signer des autographes, se faire prendre en photo et encore et toujours exhiber tous ses talents (une demi-dizaine de tableaux, plus le nouveau, sont visibles ici ou là). 

Un drôle de mec que ce Joseph Arthur, talentueux mais un peu dingue et indomptable assurément. A suivre donc. Encore et toujours. 

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