Par ici, les sortiesPoésie libertaire et guitare

La première fois que Paco Ibañez a aperçu Biarritz, il n’était qu’un enfant, dans les années 40. C’est depuis un sommet des Pyrénées qu’il a aperçu le phare, alors qu’il traversait clandestinement la frontière pour fuir la dictature de Franco. Mardi, c’est en train, ou en avion, qu’il atteindra le Pays basque français, depuis Barcelone où il réside désormais avec son épouse. Son cher public sera tout ouï, dans la Gare du Midi. Paco Ibañez chantera son dernier disque, enregistré en 2012, « Paco Ibáñez canta a los poetas latinoamericanos », dans lequel il interprète des poèmes de Alfonsina Storni, Pablo Neruda, César Vallejo, Nicolás Guillén et Rubén Darío, ainsi que des chansons de son répertoire en espagnol, en catalan, en français et en basque.

« Sud Ouest ». Le répertoire que vous avez choisi d’interpréter à Biarritz est très polyglote.

programme de la semaine

Lundi 30 septembre

À 20 heures, cérémonie d’ouverture, projection de « Los insolitos peces gato », présence de la réalisatrice Claudia-Sainte-Luce, Gare du Midi. À 22 h 30, concert du trio Bossa Nova, de l’orchestre régional Bayonne-Côte Basque, au village.

Mardi 1er octobre

À 14 heures, focus cinéma chilien avec le film en compétition « El verano de los peces voladores », en présence de la réalisatrice Marcela Said, Gare du Midi.

À 21 heures, concert de Paco Ibañez, Gare du Midi.

mercredi 2 octobre

À 10 heures, opération street art au village du festival : visite guidée de l’exposition. À 14 h 30, rencontre avec les graffeurs chiliens Cekis et Into Castro.

À 17 h 30, focus cinéma chilien projection de « Post Mortem » de Pablo Larrain en présence de l’acteur principal Alfredo Castro, Gare du Midi.

À 20 heures, projection de « Wadjda » d’Haifaa Al-Mansour.

À 22 h 30, concert de Systema Solar, cumbia digitale colombienne, village.

Jeudi 3 octobre

À 14 heures, focus cinéma chilien, projection de « De jueves a domingo » en présence de la réalisatrice Dominga Sotomayor, au Royal.

À 22 h 30, Systema Solar, au village.

vendredi 4 octobre

À 10 heures, rencontre littéraire, au village.

À 10 heure, compétition officielle des courts métrages en présence du jury au cinéma Royal.

À 22 h 30, concert de Instituto Mexicano del Sonido, au village.

samedi 5 octobre

À 10 heures, rencontre littéraire au village.

À 12 h 15, projection du film « RIO 2096 : uma historia de amor e furia », de luiz Bolognesi, à la Gare du Midi.

À 20 heures, cérémonie de clôture. Remise des prix et projection de « Il était une forêt », en présence de Luc Jacquet, à la Gare du Midi.

À 20 h 30, concert de Instituto Mexicano del Sonido.

Dimanche 6 octobre

De 10 heures à 20 heures : rediffusion des films (gare du midi) et des documentaires (au village) primés.

De 15 heures à 18 heures : bal latino avec le groupe Son Caliente et un DJ.

Tout le programme et les tarifs au www.festivaldebiarritz.com

Paco Ibañez. Oui je n’ai pas vraiment choisi de chanter dans toutes ces langues, elles représentent chacune une partie de moi. Je suis un tiers Basque, par ma mère, un tiers Français, de par le temps que j’ai passé à Paris, et un tiers Catalan, de par mon père. J’ai un autre petit tiers qui se balade, il est international. Je chante aussi en galicien et en provençal, même si je ne parle pas ces langues. Mais je connais des poètes comme Pierre Pascal, il a traduit Georges Brassens, ce père de l’humanité, ce grand champion international de la chanson. Pierre Pascal a écrit une des plus belles chansons du monde, en Provençal, quand une femme lui a dit « non », elle s’appelle « L’Arlatano » (Paco Ibañez chante, NDLR).

Vous interpréterez Brassens mardi soir ?

Oui je vais chanter ses poèmes en français et en espagnol. Cet homme est le plus grand poète et musicien, il est du niveau de Jean-Sébastien Bach, c’est notre papa à nous, tous les chanteurs. C’est incroyable, tout ce que cet homme a pu produire dans sa vie.

Tenez, mon épouse, que j’appelle aussi « mon gouvernement », vient de mettre la chanson « Brave Margot », la bergère, c’est bien mieux que toutes ces musiques qui vous font du pâté de crâne, ces musiques qui vous rendent moins intelligent.

C’est ce que vous demandez à la musique, vous rendre plus intelligent ?

Quand je chante sur scène, mon plus cher souhait est que mon public sorte du concert plus intelligent qu’il n’est entré. Qu’il se sente grand, qu’il ait le sourire et qu’il soit plus sensible à tout ce qui l’entoure. Si j’ai réussi ça, c’est bon. Quand on écoute des chansons de Brassens, de toute façon, on est plus intelligent après.

Comment avez-vous constitué votre répertoire de poètes latino-américains, qui s’adapte parfaitement à la thématique du festival ?

J’ai passé des nuits et des nuits dans le café-concert l’Escale à Paris, un repère de la chanson et de la poésie latino-américaine. Quand je lis les poèmes de certains auteurs, c’est comme une petite lampe qui s’allume, ils ont une présence vitale, les mots deviennent une chanson et je trouve la musique. Je peux me vanter de chanter les meilleurs poètes du monde, chacun à quelque chose à dire.

Et vous ? Qu’est-ce que vous avez à dire ?

Les mots ne sortent pas de ma bouche, tellement ils se bousculent quand je vois nos gouvernements, c’est la platitude absolue, le néant.

En fait, je souhaite surtout dire aux jeunes, qu’ils s’intéressent à la culture, qu’ils cessent d’ignorer leurs racines. Mais ce n’est pas leur faute, les médias les leur ont volé, les Américains sont parvenus à les déraciner. Je ne suis qu’une petite fleur dans le désert mais je souhaiterais leur dire qu’il faut qu’ils approfondissent. D’autant plus au Pays basque, ils se doivent de préserver leur langue, leur identité.

Pleins feux sur le renouveau chilien

La 22e édition du Festival Biarritz Amérique Latine proposera un focus éclectique sur le Chili. Le pays connaît actuellement un essor culturel considérable. Deux films chiliens sont en compétition dans la catégorie longs-métrages, ce sont les premiers films de leurs réalisateurs Marcela Said et Mateo Iribarren. Un panorama de dix films chiliens sera également projeté, hors compétition.

Outre le cinéma, qui connaît un grand renouveau, à travers les jeunes cinéastes issus de la génération post-dictature, le festival valorise la création picturale chilienne. « On peut dire que Santiago est devenue la capitale du graffiti, influencée par São Paulo et New York. Au Chili, les graffeurs peignent les façades des maisons, ils sont intégrés à la culture du pays, inspirés par le muralisme », précise Lucile de Calan, en charge de la programmation du festival.

Création en direct

Les artistes Cekis et Inti Castro, deux des plus grands street graffeurs chiliens, seront présents autour d’une exposition. Cekis, l’un des pionniers du mouvement graffiti en Amérique du sud, créera en direct, une œuvre murale, que le public pourra suivre jour après jour. Une journée (1) baptisée « Chile, 40 años despuès » sera organisée avec l’Institut des hautes études de l’Amérique Latine : discussions, projections et rencontres avec des auteurs, autour de l’anniversaire du coup d’État du 11 septembre 1973. Un hommage à l’auteur Roberto Bolaño sera rendu (2).

É. C.

(1) Mardi 1er octobre à 10 heures, au salon des Ambassadeurs. Gratuit. (2) Jeudi 3 octobre à 10 heures, au salon des Ambassadeurs. Gratuit.

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