Test de la Kraken Fuzz Overdrive

Il était une fois dans le Jura, deux passionnés assez fous pour laisser de côté le miel de sapin, la cancoillotte, la saucisse de Morteau, les bricelets et toutes les autres spécialités locales pour fabriquer des pédales d’effets maison pas piquées des hannetons.

Des jeunes

Muche et Vainssse, les créateurs de Kraken, ont débuté par la customisation d’instruments comme vous pouvez le constater sur la page d’accueil leur site  avant de se tourner vers la fabrication de pédales d’effets. Ainsi, depuis l’année dernière, ils proposent la Fuzz Overdrive que nous allons voir en détail dans quelques instants, mais aussi un Buffer/Booster, un Blender, une alimentation pour pedalboard ainsi qu’une déclinaison de leur Fuzz à l’intention des bassistes.

Kraken Fuzz Overdrive

L’exemplaire testé est le dernier à être muni d’un veroboard qui sera remplacé par un PCB comme vous pouvez le voir sur les photos ci-contre. Quant au vernis satiné de belle facture, mais particulièrement fragile, il sera lui aussi évincé lors des prochaines productions. Enfin, sachez que chaque pédale est fabriquée à la demande, ce qui leur permet de proposer des finitions alternatives à des tarifs défiant toute concurrence (par exemple : 2 € supplémentaires suffiront pour une finition miroir…).

Du caractère

Avec son éléphant tentaculaire, sorte de cadavre exquis graphique gravé à même la bête mêlant la folie de Matthew Barney et la noirceur d’Edward Repka, son grand format trapézoïdal (15 x 12 x 9,5 x 4 cm au double décimètre) peu propice aux pedalboards bondés et l’absence volontaire de toute inscription, la Fuzz Overdrive ne fait pas dans la dentelle.

De l’alimentation

Kraken Fuzz Overdrive

La pédale est à la fois bufferisée et true bypass, et les jacks 6,35 mm d’entrée/sortie sont placés sur le petit côté du trapèze avec la prise pour adaptateur secteur (non fourni), conçue pour acheminer du 9V ou du 18V.

Ce détail peut paraître anodin, mais vous pourrez entendre une différence notable entre les extraits obtenus, même si vous l’écoutez sur l’horrible HP de votre smartphone. Ajoutez à cela l’impossibilité d’y mettre des piles et vous aurez compris qu’il faudra vérifier votre équipement alimentaire avant de kraker.

Des réglages

Les amateurs de pédales de distorsion ne seront pas surpris de retrouver 3 potards, avec les indispensables Gain et Volume. La traditionnelle tonalité est remplacée par un Boost et le tout est associé à un switch sélectionnant 3 types de clipping. L’effet est enclenché grâce à un footswitch dont la robustesse ne fait aucun doute. S’ensuit l’allumage d’une LED rouge nous indiquant que notre coup de tatane a été correctement interprété par la bestiole. 

Du son

Dans sa documentation, Kraken précise que l’alimentation 18V est conseillée si la guitare est équipée de micros actifs. Vérifions donc cela avec un EMG 81 (naturellement placé au chevalet) sur une Telecaster Jim Root.

La différence est flagrante, tant et si bien qu’on se demande si cela est également le cas avec un micro passif. Je branche alors une Telecaster Standard en position chevalet pour en avoir le cœur net.

Kraken Fuzz Overdrive

Les extraits sous 18 V dévoilent une fuzz orientée hi-gain comme on pouvait s’y attendre, avec un caractère et surtout une présence affirmés. Tandis qu’en 9 V, on tombe dans un registre bien différent, la bosse dans les bas médiums s’évanouissant au profit d’aigus légèrement stridents, caractéristiques des vieilles fuzz au germanium. On pourrait presque imaginer une alimentation commutable permettant de passer de 9 à 18 V et qui, en pratique, ferait office de préset vintage/moderne.

Et puisque Kraken précise que leur fuzz « se prête particulièrement bien aux guitares downtunées », voyons ce qu’il en sort avec une SG Standard accordée en open de si.

On peut en effet entendre un bas médium précis et généreux, propice aux rythmiques lourdes tant que l’on reste relativement raisonnable au niveau du gain. Si, au contraire, vous souhaitez monter ce dernier jusqu’à ce que le signal soit tout à fait carré, la Fuzz Overdrive répondra présente, quitte à souffler comme une locomotive à vapeur alimentée par des bûches fabriquées par le Docteur Emmet Brown (ce qui est tout à fait normal et attendu avec de tels niveaux de gain).

Kraken Fuzz Overdrive

Les amateurs de shoegaze, de noisy doom ou de tout autre style musical volontairement bruitiste seront ravis de savoir que les larsens qu’on peut obtenir avec cette pédale valent leur pesant de cacahuètes, tant en termes d’intensité que de variété. Pour les autres, les réglages extrêmes de Boost et surtout de Gain seront difficiles à exploiter car le signal se retrouve alors décapité jusqu’au cou. 

Enfin, sachez que Kraken propose des vidéos de démonstration ne laissant aucune place à l’esbroufe et qui permettent de se rendre compte de manière objective de la réponse de la pédale en fonction des différents réglages.

Faut-il Kraker pour Kraken ?

Si vous cherchez une grosse disto qui tache, capable de s’accommoder comme qui rigole des accordages alternatifs tout en conservant l’empreinte sonore d’une vraie fuzz pour un tarif inférieur à 200 €, la Kraken Fuzz Overdrive est faite pour vous. Il sera tout de même nécessaire de faire de la place dans le pedalboard et de l’alimenter en 18V pour pouvoir savourer ses bas médiums vrombissants tout en gardant une bonne dose de dynamique.

  • Kraken Fuzz Overdrive
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