Disque : Hanni El Khatib, l’homme à la guitare

Son père est d’origine palestinienne, sa mère d’origine philippine… Hanni El Khatib est un rocker californien qui réveille l’âge d’or du « garage  rock», avec un zeste de modernité en sus. « Moonlight », son troisième album, pétille de joie et d’énergie. Rencontre amicale à Paris.


Hanni El Khatib nous reçoit dans un entrepôt de guitares (une séance photo doit nous succéder). C’est bien évidemment le genre d’instrument qu’il affectionne depuis toujours, comme tout Américain tatoué et « banané » qui porte des lunettes noires en pleine journée. Son accent exhale le soleil Californien, son teint halé aussi, pourtant depuis cinq ans tout juste l’homme a passé plus de temps dans les studios d’enregistrements que sur sa planche de skate.

« Faire de la musique n’était pas mon but dans la vie. J’avais trop d’amis qui galéraient. Il semblait impossible que de gagner sa vie décemment. J’ai donc continué à jouer pour moi, ce qui ne m’empêchait pas de composer des chansons et de les enregistrer sur un magnéto, mais elles n’avaient pas d’autre destination. J’avais un travail dans lequel je m’éclatais, je dessinais des tee-shirts et des planches de skate. Je gagnais bien ma vie. Jusqu’au jour où un ami, Marc Bianchi qui m’aidera à réaliser mon premier album, me demande de jouer en première partie d’un de ses concerts. Le groupe invité s’était désisté et je ne pouvais refuser de le dépanner. Quelle erreur ! Quelle erreur mais quel pied… J’avais goûté une sensation dont je n’allais plus pouvoir me passer ! Jouer devant un public. »

Carrière en accéléré

Tout ira ensuite très vite pour Hanni, qui a en stock des dizaines de chansons, il puise dedans et grave un premier album bourré d’énergie. Du rock garage jouissif qui évoquent les fantômes du Gun Club ou des Cramps. « Will The Guns Come Out » sortira en France et enchantera les spectateurs français, car un label local Because l’a repéré et édité. La célérité semble être le maître mot de ce rocker qui enregistre –entre deux tournées Américaine cette fois– dans la foulée, un deuxième disque. Toujours guidé par l’urgence. « Head In The Dirt » cette fois l’emmène jusqu’en Australie. Il a été réalisé par Dan Auerbach la moitié des Black Keys, « le» groupe garage de rock américain qui cartonne. Une référence qui sonne comme une balise. Hanni fait partie du club.

« Pour ce troisième disque, « Moonlight », j’ai procédé différemment, j’ai voulu prendre mon temps. Ne plus me satisfaire d’avoir enregistré une demi douzaine de titres dans la journée, mais travailler les chanson une par une. Privilégier les ambiance. Je dis en plaisantant que c’est mon disque psychédélique car à chaque fois qu’on l’écoute on découvrira je l’espère de nouvelles choses que j’ai voulu y intégrer. » Même si la guitare électrique reste le squelette de cet album, on devine rapidement les envies d’expérimenter quelque chose d’autre, ce son qui oscille vers Suicide ou LCD Soundsytem. Comme il le dit lui-même : « Qu’est-ce que ça donnerait si RZA et Iggy Pop enregistraient ensemble ? C’était l’idée motrice, j’ai essayé de résoudre cette équation ».

Mais que l’on se rassure « Moonlight » explose de joie et de vitalité, pétille d’idée et vous foudroie par son trop-plein d’énergie. Cela reste du rock. Du rock à guitares, comme celles qui nous entourent. « Je dépensais beaucoup d’argent dans des vieilles Silvertone, des Harmony, des demoiselles sixties au courbes parfaites. Mais un jour je me suis décidé à essayer une Les Paul et j’ai revendu toutes les autres… C’est une parabole : aller à l’essentiel, ne plus se perdre en chemin, voilà ma ligne de conduite aujourd’hui. »

HANNI EL KHATIB – Moonlight (1 CD Because)


En tournée en France  : le 26 février à Rennes, le 27 à Lille, le 28 à Besançon, le 3 mars à Rouen, le 4 à Paris

Christian Eudeline

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