Dans son petit atelier de la rue des Gâtines, Romain Naufle, jeune luthier à peine trentenaire, répare et fabrique des guitares depuis quatre ans.
Eponyme signifie « qui donne son nom à quelqu’un ou à quelque chose », selon Le Robert. Les guitares que fabrique Romain Naufle portent donc bien leur nom. Dans la vitrine de sa petite échoppe, les amateurs de six cordes qui passent dans la rue des Gâtines peuvent admirer une des créations de ce jeune artisan.
C’est un modèle de Stratocaster, la star des guitares, celle de Jimi Hendrix notamment. Les mécaniques sont dorées. Il ne l’a pas peinte, mais vernie, elle est en padouk, « un bois qui vient d’Afrique avec lequel on joue plutôt du blues. Je voulais travailler ce bois. »
Un luthier à Gambetta
Le travail du bois est l’une des passions de Romain qui joue de la guitare depuis l’âge de sept ans. Il en a vingt huit. A l’heure des choix professionnels, il combine ses deux amours et effectue un apprentissage « d’assistant technique en réparation avec option guitare » (c’est l’appellation officielle). Qui dit réparation ne dit pas forcément fabrication. Mais il fait partie des trois élèves de sa promotion à réaliser sa guitare.
Après le CAP il continue à se former seul. Il y a quatre ans il ouvre son minuscule atelier de vingt deux mètres carrés à Gambetta, un « quartier sympa, vivant, accessible pour le loyer. »
Beaucoup d’instruments à réparer
Ses deux confrères les plus proches sont situés à quelques centaines de mètres de distance. Pourtant, il y a des guitaristes dans le 20e et Romain ne manque pas de travail. « Des instruments il y en a beaucoup à réparer. Si on travaille bien, qu’on a des tarifs corrects et qu’on est sympathique, ça doit bien marcher ! », explique Romain dont la clientèle est majoritairement constituée d’amateurs.
En tapant « luthier paris 20 » dans un moteur de recherches on tombe d’ailleurs sur des forums assortis de commentaires élogieux sur son travail.
Le médecin des guitares
Au départ Romain vendait des instruments, mais son local est trop exigu pour qu’il puisse en présenter un vrai choix. Et puis « les gens viennent surtout pour la réparation. On me demande de régler des instruments, de changer des micros, d’entretenir », souligne-t-il.
Derrière la devanture noire et élégante, à gauche d’un comptoir, une quarantaine de guitares acoustiques ou électriques attendent d’être réparées ou tout simplement leur propriétaire. Certaines sont complètement déglinguées. À droite, derrière un autre comptoir Romain a installé son petit atelier.
Un luthier bien chaussé
Derrière lui, sur le mur, sont accrochés ses outils ainsi que de longues tiges métalliques : « ce sont des frettes », explique-t-il, répondant au regard interrogatif du visiteur. Une fois coupées elles seront montées sur le manche de la guitare et le diviseront en cases de tailles inégales.
D’autres pièces de rechange sont stockées dans des petits tiroirs qu’il a lui-même fabriqués faisant mentir l’adage comme quoi les cordonniers seraient les plus mal chaussés. « A priori, je peux tout faire, précise le luthier. La seule limite c’est le vernis : le local est trop petit, je ne peux pas y installer de cabine pour le faire. »
Une dizaine de modèles créés
En ce moment, il s’occupe de l’électronique défaillante d’un instrument. Mais son métier, rappelle-t-il, est bien aussi de fabriquer des guitares et des basses électriques : « J’ai créé plus d’une dizaine de modèles. » La plupart sont visibles sur son site.
Celle qui est exposée en vitrine, à côté d’une ébauche de basse, coûte 1 700 euros. Ses instruments peuvent valoir jusqu’à 2500 euros.
Comme son nom l’indique
Romain n’est pas le seul luthier du 20e. Rue des Pyrénées un collègue fabrique des guitares acoustiques et un autre, rue des Orteaux, des guitares électriques. Est-ce le même métier ? « Ce sont deux choses différentes. Avec la guitare électrique, on peut davantage s’amuser avec l’esthétique de l’objet, contrairement à l’acoustique qui est dépendante de la forme. » Sa pratique requiert minutie, précision, patience.
Est-il utile de savoir jouer ? « Il y a de très bons luthiers qui ne savent pas. Il suffit d’avoir de l’oreille. Mais c’est un plus, concède-t-il. C’est mieux pour essayer les instruments et pour fabriquer, ça aide. »
Et au fait, pourquoi ce nom, Eponyme ? Romain en cherchait un pour son enseigne. En général les luthiers mettent le leur. « Avec quelques copains, lors d’une soirée, pour plaisanter on a trouvé Eponyme. Eponyme ça sonne bien. Aussi bien qu’une bonne guitare. »
Eponyme guitares – 18, rue des Gâtines, 75020 Paris
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