Être Llewyn Davis: Oscar Isaac ou l’homme à la guitare

Le nouveau long métrage de Joel et Ethan Coen (Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme) est une plongée dans les années 1960, dans l’univers musical de Greenwich Village à New York.

Au fil du parcours d’un chanteur de folk incarné par Oscar Isaac, on croise des personnages joués par Carey Mulligan, John Goodman, Garrett Hedlund, Justin Timberlake ou F. Murray Abraham.

Reparti avec le Grand Prix du Festival de Cannes en mai dernier, Être Llewyn Davis est la nouvelle offrande des frères Coen, qui se sont fait connaître avec des œuvres aussi diversifiées que Fargo, The Big Lebowski ou encore Le vrai courage. En 1961, juste avant l’arrivée de Bob Dylan dans le paysage musical américain, Llewyn Davis (Oscar Isaac) arrive à New York pour tenter d’y gagner sa vie comme musicien. En plein hiver, il enchaîne des petits boulots qui le mèneront jusqu’à Chicago.

La musique – la trame sonore a été produite par T-Bone Burnett et comprend des pièces interprétées par Justin Timberlake, Carey Mulligan et Oscar Isaac – et l’ambiance tiennent plus d’importance que l’histoire. «Vous avez raison, il n’y a pas d’intrigue. Nous avons aimé l’ambiance de Greenwich Village au début des années 1960 et nous sommes partis de cette image pour écrire le scénario», avaient prévenu les frères Coen en présentant leur long métrage à Cannes.

Quelques mois plus tard, en novembre dernier, lors d’une table ronde avec des journalistes, les deux cinéastes ont détaillé leur démarche.

«Nous étions dans notre bureau et nous discutions, ce qui se termine toujours par de l’écriture. Joel m’a alors dit d’imaginer un chanteur de folk qui se fait tabasser à la sortie d’un bar en 1961. C’était une prémisse étrange, mais pourquoi pas, cela fait partie du processus de rédaction. Nous avons ensuite regardé où cela nous menait, puis nous avons entremêlé nos réflexions et nos idées sur le sujet», a indiqué Ethan Coen avant que son frère ne souligne que «pendant des années, cette idée de départ n’a mené nulle part. Nous l’avons reprise un jour, et c’est là qu’elle est devenue le film.»

En musique… et en personnages!

Si les frères Coen sont trop jeunes – Joel est né 1954 et Ethan en 1957 – pour avoir pleinement vécu la période qu’ils décrivent, ils en apprécient la musique et n’ont pas hésité à faire le parallèle avec la trame sonore de O Brother, Where Art Thou? sorti en 2000, qu’ils qualifient de suite musicale logique à celle d’Être Llewyn Davis.

Il a été beaucoup question du fait que Llewyn Davis a été inspiré par Dave Van Ronk, un chanteur de folk peu connu du grand public. Certes, le fait qu’il ait cumulé les petits boulots est partagé avec Llewyn Davis, mais c’est à peu près tout.

«Ce serait mentir que de dire que le personnage joué par Oscar Isaac a été imaginé avec Dave Van Ronk en tête. Oui, nous lui avons donné son répertoire musical et le fait de travailler dans la marine marchande, mais c’est tout. C’est vraiment un personnage fictif. À part Bud Grossman, rôle tenu par F. Murray Abraham, qui est une référence à un propriétaire de bar de Chicago, devenu ensuite impresario, tous les personnages sont des inventions», ont précisé les frères Coen.

«La première question que je me suis posée en lisant le scénario a été de savoir pourquoi le fait de voir quelqu’un se débattre autant avec les difficultés de la vie aussi drôle. Suis-je sadique ou est-ce le fait d’être rassuré que cela ne m’arrive pas à moi?», a ainsi détaillé Oscar Isaac, acteur et chanteur d’origine guatémalienne.

«Je savais que le rôle serait très introspectif. Le seul moment où Llewyn Davis partage ses émotions est dans la musique. Sinon, il se fout éperdument de plaire ou de charmer les autres. Même si mon parcours universitaire m’a aidé [NDLR: Oscar Isaac a fréquenté le conservatoire de Julliard, dans l’État de New York], le rôle a été un défi à cause de son intériorité. Il n’utilise pas du tout la chaleur et le contact humains pour charmer son auditoire et il ne s’attend à aucune sympathie de la part du public. Il fallait que je trouve d’autres moyens pour transmettre ces sentiments à l’écran», a indiqué l’acteur.

«J’ai grandi en écoutant du Bob Dylan, mais je ne connaissais pas du tout la musique de la période qui l’a précédé. Je suis immédiatement tombé dedans quand j’ai découvert tout cela.»

Oscar Isaac, pressenti pour faire partie de la course à l’Oscar du meilleur acteur cette année, a beaucoup apprécié l’ambiance instaurée par les frères Coen sur le plateau.

«Il n’y a aucune guerre d’ego, aucune vanité. Par contre, ils ne font pas beaucoup de compliments aux acteurs, il est donc inutile d’en attendre. [Rires] Ce que j’ai préféré a été de devenir leur ami, ils m’ont laissé entrer dans leur monde, dans leur univers, et je ne parle pas simplement du film.»

Être Llewyn Davis enchante les cinéphiles montréalais dès le 25 décembre avant de prendre l’affiche à travers la province le 10 janvier.

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