La nouvelle guitare de Michel Gentils
Parmi les nombreuses guitares haut gamme que Jacques Carbonneaux me fait tester depuis plusieurs années, celle de Benoît Lavoie m’avait marqué. J’ai pu l’avoir quelques semaines entre les mains et confirmer mon impression. Dès lors, il me fut impossible de la rendre et elle est aujourd’hui de tous mes concerts.
Benoît Lavoie est un jeune luthier québécois qui travaille en collaboration avec le scientifique Alex Boudreau. Alliant la rigueur mathématique à l’intuition, il fait déjà partie de ceux qui aujourd’hui font évoluer la lutherie. Sa guitare est une véritable petite bombe.
Des sonorités d’une densité exceptionnelle
Une de ses immenses qualités est peut-être la densité du son. Ce qui frappe au départ, c’est la puissance exceptionnelle des basses.
Dans ces cas-là, on s’attend à trouver des aiguës faiblardes.
Normal, il est en principe très difficile d’avoir tout : soit on a un bon équilibre basses aiguës, soit l’un des registres l’emporte au détriment de l’autre. Cela, d’ailleurs, est loin d’être inintéressant, et pour ma part, j’aime bien ces guitares un peu déséquilibrées qui permettent d’exploiter à fond l’un des registres, créant des couleurs sonores splendides et rares.
Mais ici, ce principe est caduc. Non seulement les basses sont incroyables, mais les aiguës n’en souffrent absolument pas; elles apparaissent très clairement et sans effort. Et la meilleure, c’est qu’elles aussi peuvent donner dans la puissance.
Comme si cette densité du son permet à chaque corde, à chaque note, d’être absolument présente, d’être là et bien là, distincte et précise. Aussi, et contre toute attente, cette guitare offre un parfait équilibre.
Elle est en même temps d’une précision redoutable : d’un bout à l’autre du registre, tout s’entend, rien n’est flou.
Dotée d’un excellent sustain, elle est aussi d’une justesse étonnante.
Quant à la finition, elle est irréprochable.
Dotée d’une petite bouche placée de façon tout à fait asymétrique sur la table d’harmonie, cette guitare en possède une autre, ovale et nettement plus grande, en haut de l’éclisse. Ces bouches sur l’éclisse, c’est un peu la mode en ce moment, mais une mode réellement intéressante, car elle permet enfin au guitariste de bien s’entendre lorsqu’il joue.
Cette grande bouche sur l’éclisse permet au regard de s’enfoncer facilement à l’intérieur de la caisse. Et là, surprise: chaque barrette de renfort est une véritable sculpture. Aucune ne ressemble à une autre. Dès lors, on réalise le travail de recherche sur le barrage.
Last but not least, cette guitare est très belle, splendide, même. Benoît Lavoie, un luthier modeste et discret….dont on n’a pas fini d’entendre parler.
Les qualités de cette flat top sont nombreuses mais la justesse est exemplaire, difficile de faire mieux
Cette guitare de Benoît Lavoie est une véritable petite bombe !
Michel Gentils – le 02 janvier 2015 – http://www.benoitlavoie.com/
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