James Tyler Variax : 25 guitares en une

On savait les claviers très intelligents. On connaissait des synthétiseurs capables d’exploiter les sons les plus originaux et des sampleurs imitant à la perfection cuivres, percussions et autres cordes, qu’elles soient frappées, pincées ou frottées. Ces monstres de technologie doivent rivaliser depuis quelques années avec un invité turbulent et inattendu dans le monde des instruments à modélisation: la guitare Variax de l’Américain Line 6. Avec la James Tyler Variax, le Californien invite un luthier bien connu des amateurs de réalisations vintages haut de gamme dans sa course à la technologie au service du guitariste.

L’aventure commence il y a un peu plus de dix ans. Le constructeur américain s’est demandé s’il était possible de rassembler dans un seul et même instrument le plaisir intense du jeu de plusieurs guitares et l’extraordinaire palette sonore offerte par les univers électriques et acoustiques. Était-il possible de passer d’une guitare à caisse pleine de 1950 à la sonorité d’une électrique à douze cordes de 1960, sur un unique instrument, grâce au déplacement d’un simple bouton?

La mission a été confiée aux ingénieurs de la société auteur du très reconnaissable simulateur d’amplificateurs et d’effets POD (le célèbre haricot rouge). Ils se sont lancés dans des recherches intensives sur les lois de la physique inhérentes à la guitare. Ils ont disséqué systématiquement tous les facteurs contribuant à l’excellence sonore de chaque guitare à imiter et inventer les moyens de mesurer les interactions complexes entre les vibrations des cordes, la résonance des matériaux et les éléments magnétiques. L’alchimie d’une guitare électrique. Et, au final, iIls sont parvenus à capturer ces interactions pour les transformer en équations restituant le son des instruments convoités.

Le cerveau de la bête était né. Restait à confectionner l’instrument permettant de changer de son en une fraction de seconde, soit le temps nécessaire pour déplacer un sélecteur d’un cran. Dans un premier temps, Line 6 a lui même confectionné la guitare Variax: un doux mélange de modèles du guitares alliant confort et équilibre et surtout dépourvue de micros magnétiques. En lieu et place, un système piezo dissimulé dans le chevalet pour capturer les vibrations de chaque corde. Quant au traitement des signaux, il a été confié à des logiciels analysants les propriétés physiques et électroniques des guitares modélisées.

Résultats, mesdames et messieurs: pas une, ni deux ni trois mais 25 guitares de légende, de la Gibson Les Paul 1958 aux modèles acoustiques comme la Guild F 212 de 1966 en passant par les incontournables Fender et autres Dobro ou cithare, enfermées dans le même instrument. Un ordinateur en forme de guitare. Si la JTV ne remplacera pas le modèle d’origine (une seule Gibson Les Paul peut coûter plus de 4000 euros), franchement, les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes, il faudra vraiment être un spécialiste pour décerner la «vraie guitare» de sa simulation. Sans compter que certains modèles sont aujourd’hui inaccessibles.

Formidable. Sauf que nombre de musiciens ont un peu boudé les modèles Variax 600 et 700, des guitares intégralement produites et construites au Japon par Line 6, à partir de 2003. Pourquoi? Parce qu’elles étaient dépourvues de micros justement et que Line 6 n’avait aucune légitimité en matière de lutherie. Pour asseoir définitivement son autorité dans le monde des instruments de musique, il lui fallait utiliser les compétences d’un maître en matière: James Tyler.

À l’origine, les guitares James Tyler sont fabriquées aux États Unis. Ce sont des instruments construits et peints à la main, vendus à des prix que certains pourraient juger prohibitifs. Une chose est sure, si les James Tyler n’ont pas la réputation d’être des modèles de discrétion (c’est d’ailleur pour cela qu’elles connaissent un énorme succès) elles sont en revanche des guitares reconnues chez les musiciens professionnelles. Pour ce qui est des micros, la lacune a été comblée. Des micros bobinés «classiques» ont été rajoutés et ils ne sont pas là seulement pour la pour faire joli. Il n’ est plus possible de tomber en panne de batteries sur scène, la Variax est capable de jouer comme une guitare “normale” sur ses micros magnétiques.

Et ça n’est pas tout

En plus de ces 25 modélisations de guitare, la JTV propose également 11 accordages différents en un clin d’œil – sans arrêter l’enregistrement et sans faire friser les cordes. Un tour de molette suffit pour passer de l’un à l’autre. Vous pouvez même créer votre propre accordage ou créer un capodastre virtuel pour monter ou descendre aisément de plusieurs tons sans changer de position. Plus d’excuses pour ne pas explorer les possibilités des accords ouverts, de jeter son capodastre devenu inutile ou de changer la tonalité de la guitare en un clic, pour adapter un morceau à la voix du chanteur. Grâce au logiciel Variax Workbench et son boîtier spécifique fournis avec la guitare, on connecte la guitare sur l’ordinateur (PC ou Mac) et on entre dans l’atelier de lutherie virtuelle. Il suffit alors de composer son instrument avec les différentes pièces détachées disponibles.

Vous l’avez compris, cet instrument pas comme les autres ouvre des perspectives encore inexploités par nombre de guitaristes. Du professionnel à l’amateur, chacun aura une bonne raison de s’approprier cet objet qui à coup sûr, évoluera encore au fil du temps. C’est du moins une promesse que nous a confié en interview Marcus Ryle, cofondateur de Line 6 et Directeur du Développement Stratégique de Line 6.

Prix: de 900 à 1300 euros environs selon modèles.
Renseignements:
www.line6.com

Be the first to comment

Get the comments rolling...