JJ Cale est si populaire en France qu’on ne serait pas étonné qu’une rue y porte un jour son nom. Bertrand Blier illustra autrefois son film La femme de mon pote avec ses chansons , il fut un temps où il ne put sortir des disques que grâce à un producteur de chez nous… Dans son pays natal, il est au mieux inconnu, au pire considéré comme un artiste mort. Et pourtant on ne saurait faire plus américain que ce chanteur et guitariste repéré pour la première fois sur la scène de Tulsa, Oklahoma, dans les années 1950. Et si la descendance de cet homme avait fini par lui faire de l’ombre? Surgies en pleine tempête punk, les guitares au son clair de Dire Straits doivent beaucoup à cet ermite qui passa plusieurs années dans une caravane, en plein désert. Eric Clapton, passé au crible du questionnaire de Proust par la revue Vanity Fair, déclara un jour que JJ Cale était la personne qu’il admirait le plus.
Ses détracteurs vous assèneront que ses disques sonnent tous pareils depuis le premier, en 1972. Des titres entre blues, country et jazz. Et alors? Pourquoi reprocherait-on à ce barde ce qu’on reconnaît comme une vertu chez bien d’autres? Dans ses dernières années, JJ Cale n’avait rien perdu de sa voix feutrée, et ses doigts continuaient de courir avec fluidité sur le manche de ses guitares. Un peu plus connu de l’Amérique depuis que l’album The Road to Escondido, cosigné avec le guitar hero anglais, a recueilli un Grammy Award, JJ Cale continuait de fuir la célébrité comme la peste. Peu enclin à rencontrer la presse, il voulait bien monter sur scène, à condition que cela soit dans un périmètre qui ne le contraigne pas à emprunter l’avion pour s’y rendre.
Cité dans sa chanson Macadam par le chanteur Christophe, JJ Cale était moins connu que ses morceaux, dont certains ont grossi les rangs des classiques du rock. Il n’est pas un groupe de bar qui ne se soit fait les dents sur son tube Cocaine, extrait d’un de ses plus grands albums, Troubadour.
On murmure aussi que sa chanson After Midnight pourrait devenir l’hymne officiel de l’État de l’Oklahoma.
S’il n’y avait eu le succès de ses titres repris par d’autres interprètes, JJ Cale se serait probablement bien vu gagner sa vie en tant qu’ingénieur du son, réservant les perles de sa composition aux clients de quelque bar louche de l’Ouest américain.
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