La nouvelle guitare électrique Gibson: Les Paul 70…

 

La très célèbre compagnie Gibson célèbre en 2013 l’Année Les Paul* (The Year of Les Paul) et pour l’occasion met sur le marché une gamme de guitares électriques « hommage » (tribute). Ces guitares rendent en effet hommage au design des instruments Les Pauls des années 1970 : apparence, jouabilité, sonorité, touche et j’en passe. Le tout dans des modèles reconstruits, épurés et à des prix abordables…  

 

Avant de commencer à discuter les détails techniques, j’aimerais partager mon expérience personnelle avec l’instrument. Après tout, c’est exactement ce qui se passe avec tout musicien : on devient si près de la guitare qu’on l’adopte pratiquement comme un vêtement… donc, peu importe ce qu’il y a d’écrit sur la fiche technique, tout dépend de la relation que vous entretenez avec ce bout de bois à cordes.  

 

Tout d’abord, la Les Paul 70’s Tribute est arrivée chez moi par UPS à la fin du mois de novembre. C’est malheureusement un temps de l’année où les guitares deviennent capricieuses : changements de température, de pression, d’humidité. Les morceaux de bois n’aiment pas ça !  

 

Je dois vous avouer que je me serais senti beaucoup plus confortable de laisser mon luthier s’occuper de l’instrument quelques jours… Hélas, je me devais d’écrire cette critique en un temps restreint. J’ai également dû m’accoutumer aux petites cordes : étant plutôt habitué de pouvoir vraiment « rentrer » dedans en jouant, j’ai dû me calmer. Et je suggère aux nouveaux acheteurs de passer immédiatement à des cordes de calibre plus élevé, 0.10 (au minimum) pour la petite corde. De cette façon, vous avez un meilleur contrôle, un plein son et des doigts plus forts. C’est chest bras version Guitar Hero. 

 

Donc, après quelques coups de plectres, un bon accordage et un bon café, la mise au point ne m’a pas semblé si mal (malgré tout ce que vous avez pu lire au paragraphe précédent)… alors je me suis lancé la tête première (ou plutôt : la phalange première) dans une séance de grattage intensif. Sans gêne, je dois me rendre à l’évidence : je me suis amusé comme un petit fou. Moi qui suis habituellement quasiment emprisonné dans le jazz et tous ses dilemmes, je me retrouve à jouer du blues, du rock, du funk… et même de temps à autre de me lancer dans de longs solos « shred » un peu trop fusion au gout de Wynton Marsalis. Je m’écarte du sujet… 

 

En somme, mes séances d’essai m’ont convaincu que cette guitare est polyvalente. Comme vous pouvez l’entendre dans la vidéo qui suit, cette Gibson Les Paul 70’ s Tribute convient à plusieurs styles : des sons clairs au heavy metal des plus brutaux en passant par des notes claires et accentuées dans du blues morose et « sale » de fin de soirée, cette guitare sait mettre son guitariste à son aise, peu importe ses tendances musicales. 

 

 

Maintenant, parlons un peu de l’aspect physique de la Gibson Les Paul 70’s tribute.

 

Fiche technique

 

Je ne m’en cache pas, décrire la construction d’un instrument me met toujours mal à l’aise et ce n’est pas sans raison. Nombre d’exemples historiques de prodiges musicaux nous démontrent que même les pires instruments sont capables des plus belles choses. L’habit ne fait pas le moine. J’ai vu de piètres musiciens bien équipés, et vice versa. 

 

Cependant, laissez-moi vous donner un aperçu. Un bref survol des éléments clefs de cet instrument vous suffira certainement, surtout si vous êtes indécis quant à un tel achat. Après tout, « C’est une question de feeling » comme le chante si bien Richard Cociante. À mon avis, c’est au moins 80 % dans le feeling, et l’autre 20 % dans la confiance d’avoir une guitare solide dans les mains. Voici donc l’autre 20 % :

 

La caisse (pleine) de la guitare est en acajou pour un son chaleureux et soutenu, en plus de contribuer à la légèreté de la Les Paul. La table d’harmonie ainsi que le manche sont entièrement en érable, pour des notes et des accents plus précis. Le manche est collé ; construction impeccable sans bavure. Au niveau de la touche pour la main gauche : le manche est modélisé sur un rayon assez « plat », assez mince, des années 1970 ; c’est très confortable. En plus, le derrière du manche est simplement laqué (non-vernis), ce qui rend le jeu plus agréable… surtout si vous transpirez des mains comme moi. J’ai toujours eu de la difficulté avec les vernis épais. :smileyvery-happy:

 

Pour ce qui est des composantes immobiles (mais non électriques) : tout baigne ! C’est manifestement bien assemblé avec la précision de chez Gibson. Composante la plus importante à mon avis : les clefs de marque Grover haut de gamme, les mêmes que sur des instruments beaucoup plus dispendieux. C’est très pratique (accordement facile et précis) et permet de rester accorder plus longtemps, même quand on joue durement sous les feux de la rampe.

 

Ensuite, au niveau de l’électronique, on peut voir au premier coup d’oeil que cette Gibson est munie de potentiomètres au look rétro. Personnellement, j’aime bien les dentelures sur ces boutons… sans ça, la sueur de mes mains glisse trop facilement quand j’essaie d’ajuster le son dans le feu de l’action. 

 

Finalement, discutons de ce qu’elle a vraiment dans le ventre. Au coeur de cette guitare, on retrouve les microphones (pickups) Dirty Fingers de Gibson. Ils sont très « chauds », c’en est surprenant ! Cette composante électronique de haute qualité vise à maximiser le signal à la sortie. Si vous voulez mon avis, c’est même un peu trop intense quand vient à la disto au plancher. Je préfère ajuster le volume directement sur la guitare à 7 ou 8 dans ce cas (voir les extraits hard rock et metal dans la vidéo). Par contre, de l’autre côté de la médaille, je trouve que ce signal de sortie augmenté devient fort pratique dans des situations au son clair (clean). J’apprécie beaucoup un son clair juste sur le bord de « craquer » en léger fuzz et la 70’ s Tribute me donne exactement ce que je recherche. En situation jazz « pur », c’est toujours de cette façon que j’ajuste mon son.

 

Et le dernier (mais non le moindre) commentaire technique sur cette guitare : l’entrée du jack des toutes les guitares Les Paul 70’s Tribute est muni d’une plaque vissée (voir photo.) Cela peut vous éviter bien des ennuis. Mes meilleures guitares ont toujours eu des problèmes électroniques à l’entrée (notamment, ma Gibson ES-137). Dans ce cas-ci, les luthiers et ingénieurs chez Gibson ont bien prévu le coup.

 

Conclusion : la majorité d’entre nous ne pourra jamais avoir dans les mains une Les Paul des années 1970. Ce n’est pas seulement une question de budget, c’est aussi une question de rareté ! Donc, soyons réalistes. Si vous cherchez un Gibson Les Paul, mais que le prix des « custom » à plus de 3000 $ vous fait grincer des dents… et que les modèles Les Paul de chez Epiphone vous semblent trop bas de gamme, alors la 70’ s Tribute est un bon compromis. 

 

Vous avez droit à :

— une guitare vraiment polyvalente, preuve à l’appui (voir la vidéo) ;

— une construction qui a subi (et dois-je le souligner, remporté haut la main) l’épreuve du temps ;

— une guitare assemblée aux États-Unis, par la compagnie Gibson ;

— des composantes de série de haute qualité (les micros Dirty Fingers ne sont pas donnés, les clefs Grover non plus) ;

— un look séduisant, très rétro ;

— une garantie à vie de Gibson ;

— un prix en deçà des mille dollars ;

— de quoi vous vanter que vous, vous *avez* une vraie Gibson Les Paul. :smileytongue:

 

 

*Note historique :

Rappelons que Les Paul (Lester William Polsfuss, 1915-2009), en plus d’être guitariste et luthier, est l’un des inventeurs pionniers de la guitare électrique à caisse pleine (solid body). C’est la définition même du son rock’n’roll des années 1950 à aujourd’hui. C’est donc en son honneur que l’un des modèles de guitare électrique les plus connus et les plus joués de l’histoire s’appelle, à juste titre, la Gibson Les Paul.

 

 

À Propos du blogueur :

Marc-André Séguin est le créateur, administrateur et professeur du meilleur site web pour apprendre les rudiments de la guitare jazz : JazzGuitarLessons.net. C’est de son expérience à titre de guitariste jazz professionnel et d’enseignant que Marc-André prend l’inspiration qui alimente ses articles sur le Blogue Techno. Il est également webmestre et copropriétaire de Country-Music-Hoedown.com.

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