Le guitariste de metal instrumental Patrick Rondat invité pour un …

« L’amélioration ne vient que de vous »

n Comment vous définissez-vous musicalement ? Je me sens plus près d’un mélange de musiques progressives avec des influences métal. C’est davantage le côté musique instrumentale qui a pris le pas sur le hard rock. Non, le metal n’est pas toujours agressif ! Mais aujourd’hui, dans ce qui se fait, le chant et la danse l’emportent sur la musique, c’est mon regret. Dur de passer en télé ou radio avec la musique instrumentaleæ Elle a droit de cité en classique et en jazz, c’est tout. Ça me dérange un peu, sans me frustrer. Mon créneau n’est pas facile à défendre, mais je ne suis pas prêt à faire des concessions !

n Plusieurs collaborations d’envergure ont jalonné votre carrière. Lesquelles vous ont le plus marqué ? Je suis assez ouvert, et j’ai en effet eu la chance de travailler avec Jean-Michel Jarre, Michel Petrucciani ou encore Joe Satriani, une référence dans mon créneau musical. Jean-Michel Jarre, je l’ai rencontré à un concert à Paris, c’est quelqu’un de cultivé et d’intelligent, il me laissait une place.

n Appréhendez-vous la musique comme un métier ? Question difficile. Non, la musique c’est une passion, ça devient une façon de vivre et un moyen de vivre. Il y a un savoir-faire, mais ce n’est pas une profession en ce sens où je ne m’arrête pas de jouer de la guitare en vacances ou à la retraite… Je suis intermittent, un statut compliqué dans une période économique difficile.

n Vous préparez un nouvel album… Oui, il sortira en 2015. J’enregistre les batteries en studio, en Allemagne, et les autres instruments chez moi, en région parisienne. Un album, aujourd’hui, c’est une vitrine, une carte de visite, ça ne représente plus ce que ça représentait, à cause d’Internet bien sûr, mais aussi parce que les gens sont très demandeurs de nouveauté, c’est de la boulimie. On ne peut pas demander à un artiste de faire un album par an.

n Qu’aimeriez-vous faire que vous n’avez pas déjà fait ? Je suis déjà allé au-delà de ce que je pouvais espérer. Je ne suis pas d’une famille de musiciens, je suis autodidacte, j’ai commencé la guitare à 17 ans. Alors arriver à jouer sur des scènes internationales, c’était inespéré ! Je suis reconnu dans ce que je fais, j’ai juste envie que ça continue.

n Qu’allez-vous dire aux jeunes, à Decize ? Sur le travail de l’instrument, qu’il ne faut pas être sur l’éphémère, je veux lutter contre ça à tout prix. Car on est tous éparpillés, on papillonne d’un SMS à un mail auquel il faut répondre, on est tiraillé par plein de supports… J’ai du mal à rester concentré cinq heures sur ma guitare comme je le faisais avant. Or pour la guitare, il n’y a pas de mode d’emploi, il faut bosser, l’amélioration ne vient que de vous. Les maîtres et modèles déclenchent la passion, mais après, c’est entre cinq et huit heures de travail par jour, et on n’est pas sûr d’en vivre.

n Vous qui transmettez votre passion aux jeunes, le flambeau est-il repris par vos enfants ? Ma fille joue de la guitare, mon fils de la batterie et depuis peu de la guitare. Ils écoutent beaucoup de musique et aiment ça, c’est avant tout là la réussite !

è Vendredi 14 novembre, au Cinéal. À 19 h, master class de Patrick Rondat (rencontre avec le guitariste, échanges sur sa technique et son parcours, démo musicale) ; à 21 h, concert rock du combo féminin Ladies Ballbreaker, de Montpellier, qui reprend ACDC (10 € ; élèves de l’école de musique de Decize, 5 €). Réservations : Office de tourisme et Maison de la presse de Decize.

Perrine Vuilbert

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