"Ma guitare est restée longtemps dans son coffre"


Société  Loisirs et culture

12.09.2014, 06:30 – Loisirs et culture

Actualisé le 12.09.14, 06:33

MUSIQUE



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Après cinq ans d’absence, le Genevois Polar publie “Empress”.

C’était en 2006. Après trois disques chantés en anglais, Polar signait avec une maison de disque à Paris et publiait “Jour Blanc”, son premier album en français, coécrit avec Miossec. Passages radio à n’en plus finir, concerts dans toute la francophonie, le pied pour tout musicien helvétique. Du moins, sur le papier. Car, un disque plus tard, le songwriter claquait la porte de son label et revenait à Genève, déçu et amer. La faute à des producteurs trop présents et à un contrat trop contraignant.

Désormais remis, Polar publie “Empress”, un album entre folk et rock qui marque son grand retour à l’anglais. Il nous parle de ce nouveau départ et revient sur son aventure parisienne.

Avec ce nouvel album, vous renouez avec la musique après un hiatus de cinq ans. De quoi ne voulez-vous plus aujourd’hui?

Je ne veux plus qu’une quelconque maison de disques puisse mettre son nez dans le processus de création. Et je ne veux plus faire de compromis, à aucun moment.

Revenir à l’anglais, c’était une évidence?

Ce n’était pas une question de langue. Je voulais surtout faire un disque au plus proche de moi-même. Ensuite, effectivement, je savais que ce nouvel album serait chanté en anglais. Le français, je l’ai toujours envisagé comme une parenthèse, car ma culture musicale est avant tout anglophone. Quand j’ai signé avec mon label de l’époque, un sous-label du groupe Virgin-EMI, il était d’ailleurs prévu qu’après mon premier album en français (ndlr: “Jour blanc”) suivrait un second en anglais.

Du coup, pourquoi avoir publié en 2009 “French songs”, un deuxième album en français?

Parce que ma position était compliquée. Trois mois après la signature de mon contrat, il y a eu un plan social chez EMI. Des labels ont été fermés, des employés licenciés et la quasi-totalité des contrats d’artistes cassés. Un jour, je reçois un coup de téléphone: Virgin veut me garder. Gros soulagement. Sauf qu’on m’explique que je dois faire un deuxième disque en français, sinon rien. Et, là, je me suis retrouvé face à une réalité économique: j’avais besoin de mon avance pour vivre. Je n’ai pas eu la force de me battre.

L’aventure “French songs” fut donc un poids?

Disons plutôt que je n’avais pas ce disque dans les tripes. Je ne le renie pas, mais je n’étais pas “dedans”. Du coup, je me suis progressivement détaché de ma maison de disques. A l’arrivée, je me suis retrouvé dans un sale état, vidé, déçu. Ma guitare est restée longtemps dans son coffre. Puis, j’ai réalisé que le temps passait, que je ne jouais plus. Alors je m’y suis remis petit à petit.

C’est là que les bases d'”Empress” ont été posées. Comment s’est déroulé le processus de création?

En trois parties. J’ai commencé par travailler avec un seul musicien, Michel Blanc, qui est multi-instrumentiste. On a squatté en secret une maison dont il était le gardien. Elle appartenait à un richissime saoudien, qui venait de temps en temps à Genève. Ensuite, nous sommes montés à Bruson, dans le Val de Bagne, avec d’autres musiciens. C’est là que se trouve mon chalet. Un lieu fondamental. Je m’y sens en sécurité. On y est resté tout l’été. C’était génial: pas de format, pas de contraintes. Juste se lever le matin et faire de la musique.

Et la troisième étape?

Un an plus tard, les maquettes de l’album étaient prêtes. Nous sommes remontés en Valais, au Châble, pour enregistrer l’album. Les sessions se sont déroulées dans une ancienne salle de bal, la Concordia, prêtée par la commune. Un lieu avec des grands rideaux, un plancher qui a bien vécu et une acoustique assez ample. J’ai eu le coup de foudre!

“Empress” est désormais dans les bacs. Quelles sont vos ambitions pour l’année à venir?

Reconquérir le public qui m’avait tourné le dos au moment de mon passage au français. Je pense vraiment qu’il y a des gens qui retrouveront dans “Empress” ce qu’ils ne trouvaient plus dans mes albums précédents. On verra bien. La tournée commence fin septembre. Nous ne sommes donc qu’au début de l’aventure.

“Empress”, Polar, distribution Irascible. Polar en concert:

Vendredi 19 septembre au festival Label Suisse (Lausanne).

Par PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE GUENOT

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