Montpellier : Paul le Lodèvois, le "touareg blanc" de Tamikrest

Paul Salvagnac (deuxième en aprtant de la gauche) a trouvé sa place naturellement parmi ses Touaregs du nord-Mali.

Natif du Bosc, Paul Salvagnac a intégré Tamikrest, l’un des plus remarquables groupes maliens. Jeudi à la salle Victoire 2 (Saint-Jean-de-védas), il sera l’un des ambassadeurs de ce blues du désert propulsé dans le IIIe millénaire par un groove psychédélique.

Loin, très loin de Lawrence d’Arabie, la légende épique immortalisée en cinémascope par David Lean… et pourtant. Paul Salvagnac, 25 ans, natif de Saint-Martin, tout près du Bosc, est depuis l’an passé un membre à part entière du groupe touareg Tamikrest. Fondée en 2006 à Kidal, autour du guitariste et chanteur Ousmane Ag Mossa, cette intrépide formation chamboule le blues du désert popularisé par Tinariwen et le propulse dans le IIIe millénaire en lui injectant de fortes doses de groove psychédélique. Plus que jamais sur son 3e disque, Chatma, le 1er du groupe auquel participe Paul.

Un premier voyage en 2005
En vérité, ce n’est pas la première aventure malienne de l’Héraultais : en 2005, alors gamin, il était parti avec le club ados du centre de loisirs de Soubès en voyage culturel à Aguel’Hoc. Il y avait rencontré Ibrahim Djo, un guitariste de dix ans son aîné. Une amitié était née, qui se concrétisa deux ans plus tard par des concerts en France, puis au Mali, et enfin un album remarqué Ibrahim Djo Experience en 2011. “Du côté de Kidal, j’avais rencontré le percussionniste de Tamikrest, se souvient Paul. Quand l’été dernier, le guitariste du groupe est parti, ils ont pensé à moi. Au début, il n’était question que d’un remplacement pour la tournée mais on s’est si bien entendu, musicalement et humainement, qu’ils m’ont gardé.” C’est ainsi que le jeune homme s’est retrouvé à poser ses guitares, rythmiques et solos, sur ce qui constitue l’une des plus belles réussites de cette rentrée musicale, tous genres confondus.


Une réussite de la rentrée musicale 2013
“Ousmane, qui déborde d’idées, voulait aller encore plus loin dans l’évolution de son blues du désert”, poursuit Paul qui, fou amoureux de la musique ishumar, avoue : “Au début, c’était moi le plus réticent. Face à lui, je me retrouvais dans la peau du puriste, du conservateur ! Mais lui m’a poussé, il a une telle envie de modernité, d’originalité !” Et le “Touareg blanc” d’ajouter ici un skank (contretemps) typique du reggae, là un glissando de slide associé au rock américain, ailleurs un solo carrément excentrique. Un peu comme sur les photos promotionnelles qui accompagnent la tournée de Tamikrest, sa singularité est évidente. Mais dans tous les sens du terme : elle se voit et s’accepte en un seul et même clin d’œil.

Pas de fossé

Bref, il est parfaitement intégré dans le groupe et partage sa démarche innovatrice. “Que vous dire ? Ils sont comme vous et moi, on rigole de la même chose, on écoute la même musique… Il n’y a pas entre nous ce fossé qu’on peut imaginer depuis la France, explique Paul qui concède : Oui, que Tamikrest, qui est très engagé dans la cause touareg, ait choisi d’intégrer un type comme moi dans ses rangs, c’est sans doute aussi une manière d’engagement.”
En tamasheq, tamikrest signifie tout autant “coalition” que “avenir”. À méditer en écoutant, les yeux fermés, les guitares d’Ousmane et de Paul dialoguer dans le cinémascope de son imagination…
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En concert jeudi à 20 h, à Victoire 2 (2 rue de Renaudot, Saint-Jean-de-Vedas). 18 €, réduit 15 €, pass culture 5 €. 04 67 47 91 00.

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