PRéSENTATIONS – LEONARDO GUITAR RESEARCH PROJECT D …

D’autres bois pour nos guitares

Même si les luthiers sont loin d’être les premiers responsables de la déforestation, les grosses industries de la guitare ont quant à elles leur part de responsabilité. C’est pourtant à l’initiative de certains luthiers européens qu’à vu le jour le “Léonardo Guitar Research Project”, un projet de subsitution des essences tropicales par des bois endogènes.

Il n’est pas nouveau de voir des guitares de luthiers réalisées avec des bois non-tropicaux. Que ce soit Kopo, Ghirotto, Berne et j’en passe, les luthiers ont déjà pris conscience de l’urgence de trouver d’autres essences que l’ébène, le palissandre, l’acajou etc.

Le Projet Leonardo Guitar Research (LGR-Project) a pour objectif de mener une recherche unique et approfondie sur les possibilités d’utilisation des essences de bois durables et non tropicales dans la construction de guitares acoustiques et classiques.

Au sein de ce projet subventionné par l’Union Européenne collaborent actuellement différents partenaires: Belgique (Cmb), Finlande (Ikata), Angleterre (Newark college), France (Petiteau Rémi), Espagne (Thomas Holt Andreasen), Irlande (Chris Larkin) et Italie (Lorenzo Frignagni).

Cette collaboration étudie la possibilité d’une lutherie guitare utilisant des essences de bois non tropicales et ayant des qualités équivalentes à la lutherie guitare traditionnelle (utilisant généralement des essences tropicales telles que le palissandre, l’ébène ou l’acajou).

Les résultats peuvent, à terme, mener à une exploitation plus durable et respectueuse des matières premières et de l’environnement dans la facture des instruments de musique, en particulier les guitares. Cela peut aussi constituer un signal symbolique et une source d’inspiration pour les guitaristes et le grand public.

Des étudiants et des professeurs du Cmb (Belgique) et d’Ikata (Finlande), ont déjà construit une trentaine de guitares en bois non tropicaux, qui ont été exposées, jouées, testées, et débattues.

Une étude perceptive qui met en avant la réelle subjectivité du musicien et de l’auditeur sur l’aspect visuel de l’instrument

L’objectif de la recherche a été
de comparer les préférences sonores entre des guitares faites à partir d’essences tropicales et non tropicales.

Remarque : C’est la guitare classique qui a été l’objet de cette étude mais je vous donne l’occasion dans cet article d’entendre un modèle folk.

Les tests organisés :
jeu et écoute des tests à l’aveugle puis de visu pour :

– Guitaristes / auditeurs.
– un auditoire

Guitares testées (ce sont les bois de tonalité qui ont été ici testés, donc le dos et les éclisses. NDLR) :

– 10 guitares classiques fabriquées à partir de bois non tropicaux (voir liste ci-dessous)
– 5 guitares classiques fabriquées à partir de bois tropicaux (palissandre pour le dos et les éclisses)
– Toutes les guitares sont du même modèle: Torres FE19
– Toutes les guitares sont d’une grande qualité équivalente

Période des tests : de
Mars à Juillet 2014

Résultat : Les guitares Leonardo construites avec les essences non tropicales sont tout autant appréciées pour leur qualité sonore que celle construites avec les bois tropicaux. Le rapport d’appréciation à l’aveugle est alors de 50% pour les deux catégories. Lorsque les guitares jouées sont visibles, le rapport devient alors de 75% pour les guitares tropicales et 17% pour les guitares non tropicales,

Conclusion: Tous les tests à l’aveugle montrent qu’il est possible de faire des guitares de qualité sonore équivalente à celles fabriquées avec des bois tropicaux, en utilisant des bois non tropicaux. Le frein est donc bien celle de la subjectivité visuelle, particulièrement prononcée dans le domaine classique.

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