Il lui fallait une planche de salut.
Casimir a beaucoup bourlingué. Il a même parfois dépassé les limites. C’est ainsi que font immanquablement ceux qui ne peuvent rester bien longtemps dans les oripeaux de la vie ordinaire. Il a joué avec ses limites, les dépassant parfois et le payant fort cher. Il a fait de son corps un curieux langage, passant de l’anorexie à la boulimie, des ivresses folles à l’abstinence salvatrice, des longues marches journalières au repos bien tranquille.
Casimir n’a pas de juste milieu. Il va jusqu’au bout de son chemin, qu’importe s’il est couvert d’épines ou bien de ronces, de pétales de rose ou de lauriers. Il taille sa route, furieux ou tranquille, tourmenté ou serein, inquiet ou joyeux. À ses côtés, Catherine a tout supporté, tout enduré pour maintenir le cap et parfois la tête de notre homme hors de l’eau. Ce ne fut pas facile tous les jours !
Casimir est musicien. Il aime à se définir comme Chansonnier. Il a même eu les honneurs de la radio nationale, une nocturne avec Jean-Louis Foulquier. Une chanson en guise de provocation et sa carrière sur les ondes a vite tourné court. L’homme n’est pas de ceux qui se plient aux exigences des grands de ce monde. S’il a envie de leur dire le fond de sa pensée, il ne s’en prive pas !
Casimir fut, une longue période, le roi des noces et des soirées dansantes. Homme orchestre, il animait avec talent et bonhommie des salles entières, leur offrant son spectacle qu’il entrecoupait de disques à la mode. Il peut tout jouer avec son synthétiseur, à moins qu’il ne vous emmène par le cœur sur ses guitares ou son banjo.
Casimir pourtant disparut de la circulation sept longues années durant. Ses excès l’avaient rattrapé et mis sur le flanc. Le corps et le moral ne suivaient plus. De centres de soin en séjours de repos, il perdit le goût de la fête, l’envie de monter sur les estrades et le désir de jouer de la musique. La flamme vacillait, il allait fort mal.
C’est un ami qui le remit à flot, c’est un autre qui lui tendit la main. Deux gars de Bou, l’un chanteur à ses heures, gourmands de nos traditions et de la culture locale, l’autre musicien professionnel, saxophoniste et accordéoniste émérite, leader d’un groupe musical. C’est tout naturellement que les amis Christian et Jacquot le conduisirent vers ce groupe « La BOu-Sol », bande de garçons pas sages et peu fréquentables qui donnent dans la chanson de mariniers de Loire ou bien de mer. Casimir fit des débuts discrets. Du bout des lèvres, il se contenta de jouer de la guitare pour accompagner ses nouveaux amis …
La musico-thérapie est sans doute ce qui lui fallait. Il a repris des couleurs et l’envie de se faire entendre. Chacun découvrit alors que le petit bonhomme à la barbe blanche était doté d’un organe à faire pâmer les dames. Il s’installa près du micro. Il avait retrouvé son énergie d’antan !
Casimir depuis quelque temps avait un rêve : « Il s’imaginait voguant sur la Loire à bord de sa guitare ! » Il y a parfois, en bord de Loire des fées et des enchanteurs qui exhaussent vos vœux. À force de croiser la route des gars qui vont sur la rivière, il a trouvé celui qui avait dans ses fichiers la chanson qui lui fallait. Une belle rencontre qui allait donner beaucoup d’autres mélodies sur la portée.
Casimir reste fidèle à son groupe salvateur. Il a ressorti son cher synthétiseur qui sommeillait depuis si longtemps. Il compose pour mettre en musique des textes qui ne sont pas tout à fait des chansons. Par la magie de son talent, il en fait des airs qui restent en tête, qui vous entraînent sur les bords de notre Loire.
Casimir revit, Catherine est heureuse et votre serviteur se demande ce que vont devenir ses petits couplets qu’il a offert à ce chansonnier de Loire. Bientôt, en un peu moins d’un trimestre douze chansons ont vu le jour. Il faut que l’artiste franchisse une nouvelle étape et enregistre un CD. Je lui laisse vivre cette belle aventure, ému de découvrir ce qu’il fait de mes textes, ravi de les voir si heureux tous les deux.
Il ne reste plus qu’à trouver un titre à ce futur album. Il ne ressemblera pas aux chansons de mariniers habituelles. Il y a un autre ton, une autre manière. Les mélodies explorent bien des genres musicaux, Casimir est un éclectique. Pour montrer cette différence, j’hésite entre : « Chansons d’un marinier à pied » ou bien pour rendre hommage à notre maître à tous, l’ami Gaston Couté : « Chansons d’un gars qui a mal bourdé ! ». Je vous laisse choisir. Merci à vous de nous donner un petit coup de main …
Enchanteusement vôtre.
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