Une guitare pour survolter Bécaud

Yann Benoist, guitariste professionnel, originaire de Dinan, a accompagné, au cours de sa carrière, des artistes tels que Renaud, Serge Lama, Francis Cabrel, William Sheller, Sacha Distel, Julien Clerc, Patricia Kaas, Nana Mouskouri, etc. La revue Jazzman l’a surnommé ‘caméléon moderne’. Mais ce féru de jazz et de blues a surtout été impressionné par le travail de Gilbert Bécaud. « J’ai travaillé avec lui pour la première fois, il y a tout juste 20 ans. Son chef d’orchestre m’avait recruté car il voulait une guitare qui ‘dépote’. C’était au Palais des Congrès. Je l’ai accompagné ensuite pendant sept ans. Un peu dans les studios — par exemple pour refaire les guitares d’enregistrements des années 60, devenus obsolètes — mais surtout sur scène. Les dernières années de sa vie, il tournait beaucoup à l’Étranger où son travail était fort apprécié. »
Il est vrai que Gilbert Bécaud a créé quelques standards qui ont fait le tour du monde. La chanson ‘Je t’appartiens’ a été reprise par de nombreux artistes sous le nom de ‘Let it be me’ tels Elvis Presley, les Everly Brothers et même Bob Dylan. ‘Et maintenant’ a été popularisée par Franck Sinatra et Shirley Bassey.
Pour Yann Benoist, « Bécaud était un vrai artiste de music-hall. On l’a appelé Monsieur 100.000 volts en raison de l’énergie qu’il dégageait. Un surnom qui n’était pas usurpé. » Emballés par son show, les spectateurs avaient cassé les sièges de l’Olympia en 1955. « Un olympia qui était son domicile tant il y est passé. »
L’homme a la cravate à pois a composé 400 chansons tout au long de sa carrière. « Ce n’était pas un artiste comme Brassens ou Brel car il n’écrivait pas ses paroles mais c’était un grand compositeur. » C’est d’ailleurs cet aspect qui intéresse Yann Benoist. « Il a conçu ses mélodies à la façon des standards américains. Il avait 20 ans après-guerre et était, comme tout le monde, influencé par les États-Unis. À l’époque où je faisais des bals, on me parlait beaucoup des musiciens de Bécaud, on connaissait ses exigences dans ce domaine. Sa musique se rapproche du jazz et c’est en cela qu’elle est intéressante pour un guitariste comme moi : on peut changer les accords, enrichir les harmonies sans dénaturer son travail. Je ne pourrais pas le faire avec les chansons de Cabrel ou de Renaud… »
Yann Benoist se souvient d’un artiste « sympa » (contrairement à l’image qu’il avait donnée dans les années 90 en frappant un chroniqueur de télé qui tentait de le piéger pour une émission de Dechavanne) « qui à près de 70 ans, gardait son énergie intacte. On partait beaucoup à l’Etranger. Il nous avait contraints, nous les musiciens, à l’accompagner à une soirée de l’ambassadeur de France en Allemagne car il aimait bien être avec son équipe. Idem au Japon. J’ai eu la chance de faire la réouverture de l’Olympia avec lui en 1997. Sur scène, on ne devinait pas qu’il était malade ».
La collaboration s’est interrompue en août 2000. Gilbert Bécaud, gros fumeur, est mort d’un cancer des poumons en juillet 2001, à 74 ans.
Yann Benoist lui rend hommage dans un spectacle musical (avec batterie, basse, clavier) qu’il a préparé pendant deux ans. « Je reprends les mélodies à ma façon. ‘Et maintenant’ est devenue une ballade afin de faire ressortir le côté mélancolique du texte. J’ai modifié le refrain de sa chanson ‘l’Olympia’, moins connue mais que je trouve magnifique, ‘Nathalie’ est devenue un reggae, etc. »

Le spectacle ‘Bécaud Autrement’ sera  joué samedi 26 octobre, en soirée, au théâtre des Jacobins, à Din. Billetterie ouverte à partir de vendredi 18.

Yann Benoist rend hommage à Bécaud avec sa guitare.
Yann Benoist rend hommage à Bécaud avec sa guitare.

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