Voix marocaine, guitare flamenco et plus si affinités – Le Monde

Il y a des regards qui ne trompent pas. Entre le chanteur marocain Aziz Sahmaoui et le guitariste gitan Niño Josele, le courant passe. Leur connivence et leur admiration réciproque rayonnent d’évidence. “Lorsqu’il attaque les cordes, la note ne peut plus s’échapper, c’est comme un aigle enserrant sa petite proie”, s’enflamme Aziz Sahmaoui. Niño Josele, lui, n’en finit pas de louer la générosité chaleureuse du chanteur.

Ils présentent leur tissage musical, entre flamenco et fusion marocaine, au festival Banlieues Bleues en Seine-Saint-Denis, accompagnés de quelques complices (le bassiste Alioune Wade, les percussionnistes Adhil Mirghani et Jhony Indie, le chanteur Kike de Ramiro) avec lesquels ils se produisent à Pierrefitte-sur-Seine, le 14 avril.

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Pour Aziz Sahmaoui et Niño Josele, c’est un moment partagé à l’instinct, en Espagne, dans le salon d’un ami, au début des années 2000, qui a annoncé l’intention commune. Ont suivi des rencontres organisées chez Niño Josele : “Des journées passées à travailler, du matin au soir, chez lui, en famille, dans la banlieue de Madrid. Des promenades en forêt aussi…”, raconte Aziz Sahmaoui.

Mais il y avait eu déjà un échange, sur scène, quand il avait invité son ami gitan à jouer lors d’un concert de l’Orchestre national de Barbès (ONB), à Madrid. Puis en studio pour enregistrer un album du guitariste, en 2003. Aziz Sahmaoui avait interprété sa chanson Zawiya, qu’ils reprennent aujourd’hui sur scène.

S’accompagnant d’un n’goni (le luth malien), le chanteur a grandi au Maroc avant de s’installer en France en 1984, où il a participé à la création de l’ONB, en 1995. Après deux albums, il est parti vers d’autres projets, en particulier avec Karim Ziad, Nguyên Lê, le groupe Sixun, ou le pianiste et claviériste de jazz autrichien Joe Zawinul, mort en 2007, qui l’intégrera à son groupe, Zawinul Syndicate. En 2011, Sahmaoui sort avec son groupe, University of Gnawa, un premier album étonnant, qui fusionne avec habileté funk, jazz-rock, chaâbi et transe gnaoui.

Emballé par le jazz

Originaire d’Almería, en Andalousie, Niño Josele est un doué de la guitare flamenca. Son curriculum vitae est éloquent. Il a collaboré avec le gratin du flamenco, joué aux côtés de Paco de Lucia, accompagné le trompettiste new-yorkais Jerry Gonzales, la chanteuse espagnole Buika, les cantaores Enrique Morente ou Diego el Cigala… Il a enregistré, en 2006, Paz, un album inspiré par le pianiste de jazz Bill Evans, et sorti en 2012 un nouvel album, El mar de mi ventana.

Flamenco jusqu’au bout du regard, il s’emballe pour le jazz, peut siffler d’admiration devant le groove implacable du bassiste sénégalais Alioune Wade. L’un comme l’autre, Niño Josele et Aziz Sahmaoui, ont le goût du vagabondage et de la curiosité, se satisfont des rencontres qui mènent ailleurs, incitent à se réinventer.


Aziz Sahmaoui et Niño Josele, Maison du peuple, 12, boulevard Pasteur, Pierrefitte-sur-Seine (93). Dimanche 14 avril. www.banlieuesbleues.org

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