Karel Kryl, le révolutionnaire à la guitare

Karel Kryl, photo: ČTKarel Kryl, photo: ČT
Karel Kryl naît le 12 avril 1944 dans une famille d’imprimeurs
bibliophiles à Kroměříž en Moravie. L’entreprise de son père, qui
avait été créée par le grand père de Karel Kryl, est expropriée en
1948 après l’arrivée au pouvoir des communistes. Les études lui sont
interdites, et il travaille dans une usine de céramique sanitaire à
Teplice. Dans les années 1960, il se passionne pour la poésie française
et découvre la musique occidentale. Face à la montée de l’hégémonie
soviétique, il se rapproche du pacifisme et du mouvement hippie tout en
affirmant un individualisme très marqué, forgeant sa force de
caractère.
En 1967, il arrive à Prague et travaille à Radio Ostrava. Il commence à
composer, il crée même un petit théâtre, le Waterloo Divadlo, et se
produit dans de nombreux petits clubs pragois, toujours la guitare à la
main.

Photo: pantonPhoto: panton
Mais l’invasion soviétique du 21 août 1968, stoppant la
démocratisation du Printemps de Prague, met fin à ce chapitre heureux de
la vie de Karel Kryl, tout en lui inspirant le 22 août sa chanson la plus
célèbre, « Bratříčku zavírej vrátka » – « Ferme la porte petit
frère ». L’album est publié en 1969, mais le régime le censure
peu
de temps après.

Karel Kryl s’exile un an après l’invasion soviétique et
s’installe à Munich où, travaillant essentiellement pour Radio
Europe Libre, il continue à écrire, composer et chanter. Ses textes et
ses chansons circulent abondamment derrière le rideau de fer en
Tchécoslovaquie, où ses chansons sont interdites par le régime de
l’époque. Karel Kryl devient ainsi une des icônes de la protestation
anticommuniste, par le biais de ses poèmes très mélancoliques, engagés
et ne cachant pas la vérité.

Karel Kryl, photo: Jiří Sláma, ČRoKarel Kryl, photo: Jiří Sláma, ČRo
Lorsque Karel Kryl revient en Tchécoslovaquie après la Révolution de
velours, ses chansons sont connues de tous, alors que lui reste inconnu du
public. Il se montre toutefois très critique face à la manière dont la
révolution s’est produite, ainsi que vis-à-vis de la séparation
entre la République tchèque et la Slovaquie, qu’il vivra très mal.
Séjournant de moins en moins dans son pays natal, Karel Kryl meurt
d’une crise cardiaque à Munich le 3 mars 1994. Il est décoré à
titre posthume par le président Václav Havel de l’ordre du Lion
blanc, la plus haute distinction tchèque.

Karel Kryl reste l’un des chanteurs tchèques les plus populaires, et
ses chansons sont désormais connues de tous, et régulièrement jouées.
Elles ont même été reprises dans un ballet en 2007, aux côtés des
chansons de Jacques Brel, au Théâtre national de Prague.

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