Devant un peu moins d’un demi-millier de spectateurs, la chanteuse tourangelle Claire Diterzi a offert mercredi à l’Opéra-Comédie, un concert d’une richesse émotionnelle et d’une qualité musicale absolument exceptionnelles. Elle était invitée dans le cadre des Internationales de la guitare.
La sublime n’est pas encore sur scène mercredi que tout nous indique déjà que la soirée, dans le cadre des Internationales de la guitare, sera unique. Sur la scène anthracite de la rutilante bonbonnière de l’Opéra-Comédie, voisinent, capturés dans la lumière et indifférents à l’entrée des spectateurs, une viole de gambe, deux guitares électriques, un violon, une timbale et d’autres percussions… Niveau singularité musicale, cet ensemble hétérogène ne constitue pas un indice mais une preuve… que Claire Diterzi va s’employer à confirmer (et surpasser) tout au long de son concert.
Dans une atmosphère baroque, à plus d’un titre
L’entame fait honneur à la pompe hiératique du lieu : la belle Tourangelle chante Au Salon des refusées tandis que sa complice Christine Payeux caresse doucement sa viole. « Je n’ai pas chanté mon dernier mot. » Aristocratique, elle confirme en enchaînant plusieurs morceaux au même éclat sobre, boisé, marqueté, Renaissance, sans mot dire… Son chant est d’emblée d’une beauté séraphique, qui s’affranchit du plafond de l’opéra, non sans avoir au passage sablé nos esprits. Champagne !
Puisque notre écoute est religieuse, la divine se fait iconoclaste et fantasque. Ici une savoureuse anecdote sur sa résidence à la Villa Médicis, là une forfanterie de guitariste émérite “pas mal pour une gonzesse ?”, ailleurs une élégante remontée de culotte, “ben quoi ?” La salle se lâche, explose de rire, la salle se tient, retient ses larmes, c’est selon, Claire Diterzi semble capable de tout et pas seulement vocalement.
L’intensité n’empêche pas la drôlerie
Si l’essentiel du récital consiste en une exploration de l’album Le Salon des refusées, ses cœurs en miette, ses élégances baroques, il est jalonné de surprises, toujours heureuses. On n’oubliera pas sa désopilante La Vieille chanteuse et des reprises parfaites jusque dans leurs imperfections de Celentano et de Polnareff.
Quand en ultime rappel, kalimba en main, elle susurre sa ritournelle Mal aux yeux, il nous semble bel et bien que les nôtres nous piquent.
Allez, un petit cadeau enregistré “live” en janvier dernier sur le plateau de l’émission “Ce soir (ou jamais)” :
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