Si vous ne connaissez pas Darko, on vous conseille vivement de les écouter et de les surveiller de très près… Darko, c’est au départ un jeune normand, très vite rejoint par trois autres musiciens, qui a donné son nom au groupe. Ils ont déjà de nombreux concerts à leur actif et sont bien décidés (à raison) à prendre d’assaut la scène française par leur musique tout à fait singulière, oscillant entre les ténèbres et la lumière, la descente aux enfers et la portée aux nues…
On parle souvent de la scène musicale parisienne, mais qu’en est-il de la scène normande?
Darko : C’est la place stratégique, c’est là que tout se passe et puis deux trois ans après, ça arrive à Paris… (rires)! A vrai dire, on bénéficie d’un regain d’intérêt depuis deux ans, grâce aux nombreux groupes qui ont vu le jour en Normandie, surtout en Basse-Normandie, comme Tahiti 80 qui vient de Rouen. Nous on vient de Haute-Normandie, d’un lieu qui s’appelle Le Kalif. C’est une pépinière de groupes qui nous a permis de tous nous connaître: on parlait de Tahiti 80, mais on pourrait aussi citer The Elektrocution, La Maison Tellier, Radiosofa… Il y a énormément de formations en Normandie, et nous, on est les petits derniers (rires)!
Le public parisien ne vous connaît pas très bien, pourtant vous avez fait les Transmusicales de Rennes en 2012 et vous avez même joué en Angleterre. Est-ce que Paris représente encore aujourd’hui un tremplin, la ville par laquelle il faut passer si l’on veut percer?
D: Non, le tremplin c’est le pays entier. C’e que l’on souhaite, c’est pouvoir tourner au maximum et pas seulement à Paris. Après, il est clair qu’au niveau de la visibilité c’est surement important de jouer à Paris, mais pas forcément plus qu’aux Transmusicales ou dans des festivals de cette envergure.
Par rapport au renouveau de la scène électro minimale qu’on voit apparaître depuis quelques années, et j’ai lu quelque part qu’on vous comparait souvent aux XX, vous vous situez où?
D: Plutôt dans la partie à guitares, donc pas vraiment dans l’ électro minimal même si on en écoute ! On pourrait dire qu’on fait de la musique à guitare minimale… Pour les XX, j’imagine qu’on a du écouter la même musique. Mais, même si on apprécie ce qu’ils font, on a plus écouté les groupes qui les ont inspiré eux, comme toute la clique « eighties » qui oscille entre cold-wave, new-wave et post-punk.
Antoine Gaillet, qui a mixé vos chansons, est celui qui a fait enregistrer le groupe trop peu connu en France M83. Comment s’est opérée cette rencontre?
D: C’est le fruit d’amitiés communes, on a plus ou moins les mêmes connaissances, donc la connexion s’est faite comme ça. On attendait juste l’opportunité de pouvoir travailler avec lui : ça n’avait jamais pu se faire auparavant à cause de nos plannings respectifs. Mais pour mixer l’EP qui est sorti à la mi-novembre, on a naturellement pensé à lui. Cette rencontre a été un véritable coup de foudre, tant sur le plan musical qu’amical, à tel point qu’on n’imagine pas faire notre album en 2013 avec quelqu’un d’autre que lui.
En vous écoutant, on ne peut s’empêcher de penser à Television, à cette oscillation perpétuelle entre les cieux et les profondeurs. Et votre voix a cette féminité qui n’est pas sans rappeler celle de Tom Verlaine… Quelles sont vos influences?
D: J’ai écouté Television, mais c’était il y a tellement longtemps que je n’ai plus vraiment de souvenirs… Mais merci, je prends ça comme un compliment (rires)! On vient plus de New-Order et Joy Division, qu’on a écouté inévitablement, même si au sein du groupe on a tous des goûts disparates : personnellement, je viens surtout de ce côté « eighties ».
Matthieu: J’écoute plus la scène post-rock du label Constellation comme le groupe Godspeed You! Black Emperor ou Mogwai, qui, même s’il n’est pas chez Constellation, participe activement à cette scène.
D: Darko, c’est exactement ça : le mélange de ces deux influences, ce basculement permanent entre le post-rock et le côté romantique des compositions de groupes eighties comme The Cure.
Le noir envahit vos chansons comme dans les peintures de Soulages, malgré cette parcelle de lumière qu’on arrive à déceler de derrière les ténèbres…. Un reste de vos lectures romantiques?
D: Pour le coup, aucun reste poétique. Mes lectures sont plutôt sombres, beaucoup portées sur les romans noirs, mais très peu sur la poésie. J’ai aussi des lectures très sportives, je lis L’Equipe tous les jours, mais je ne pense pas que ça influence ma musique plus que ça (rires)!
La suite, c’est l’album?
D: Absolument, 2013 nous appartient, on a beaucoup de choses à faire : entre l’album à sortir, avec Antoine dont on parlait tout à l’heure et les dates par-ci par là jusqu’au festival d’été, il va falloir qu’on s’active ! On compte bien partir sur les routes et essayer de jouer un peu partout !
Visuel: pochette de l’EP
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