Kaki King, reine de la guitare bricolée

Mercredi dans l’église de Confignon, le festival Antigel a fait un nouveau carton autour de la phénoménale musicienne américaine

Kaki King bricole ses propres engins à cordes (image d’archive).
Image: Arthur Shim

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Pile, elle campe une concertiste de cuisine lorsqu’elle enquille les arpèges avec pour principal effet de faire grassement sonner son instrument sous le toit de l’église de Confignon. Banale. Face, elle devient cette artiste fascinante lorsque sa guitare folle lâche les mélodies trop naïves pour dessiner d’ébouriffantes inventions rythmiques. Virtuose dans sa propre technique qu’elle a élaboré des lustres durant dans les couloirs du métro new-yorkais, l’Américaine Kaki King reste, dans tous les cas, un phénomène. Parce qu’elle capte l’attention des musiciens du monde entier avec ses instrumentaux ultra rapides, sorte de taping fulgurant, cordes frappées à grande vitesse sur le manche. Et parce qu’elle suit un chemin artistique connu d’elle seule, allant jusqu’à bricoler ses propres engins à cordes qu’elle présente avec un humour insolent. «Je voulais faire du koto, une cithare japonaise. Mais l’instrument coûtait trop cher… J’ai donc fabriqué ceci pour un dollar! On peut même faire du ski avec…»

Devant les travées débordant de monde, attentives jusqu’aux derniers rangs, la jeune femme pose sur ses genoux une guitare d’aspect douteux. Voici la bête à cordes, que Kaki King pince, tire et étire pour façonner des notes élastiques. Le résultat ne ressemble à rien de connu. La musique s’élève, solide, bruyante même, dans la petite nef de cette charmante église. Ecoute religieuse. «Cette bâtisse est ancienne, non?!» La veille, Kaki King avait visité la Vieille Ville; elle interroge une dernière fois l’assistance: «Quelle est la plus vieille maison de Genève? Vous pouvez me répondre après le concert… J’ai également des CD à vendre! Et puis aussi ce truc épatant.» Kaki King exhibe une minuscule guitare, trois centimètres à peine: «Une clé USB avec six de mes albums!» Puis elle reprend sa guitare, l’autre, fabriquée par un vrai luthier et qui sonne drôlement bien aussi. Ultime partie fine sur les cordes raides, une composition expérimentale de son cru. Mieux qu’épatante, Kaki King devient cette fois-ci vraiment impressionnante. «Pour ma prochaine tournée, on a prévu de projeter des images sur la guitare. Une guitare écran de télé, pas mal, non?!» Pas mal, en effet. (TDG)

Créé: 13.02.2014, 14h01

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