Fabien Jans
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Un balai entre les mains, mais pas pour nettoyer le sol. Un pied qui bat le rythme, des doigts qui grattent la brosse. Et soudain, le lâcher prise. On y est, sur la plus grande scène du monde, guitare (balai) entre les mains, pour le solo le plus mémorable de l’histoire du rock.
Que celui qui, volume de la chaîne hi-fi à fond, ne s’est jamais pris pour Slash, Angus Young ou, pour les moins jeunes, Jimi Hendrix nous jette la première volée de fausses notes.
L’air guitar, c’est ça : la régression d’adultes bien sous tous rapports, vers leurs fantasmes les plus enfouis. Cet après-midi, à Mirande, Kiosq’n rock accueille la 12e et dernière étape du championnat de France de la discipline. En jeu, une qualification pour la finale, fin juillet (possiblement dans la région lyonnaise) puis, au bout du rêve, une place à prendre pour les championnats du monde, fin août, à Oulu, en Finlande. Là où tout a commencé.
Ce sont en effet les étudiants du département audiovisuel des Arts décos de cette ville du nord du pays, qui, en 1994, ont transposé sur scène ce que tout un chacun cantonnait honteusement à sa sphère privée. Sauf Joe Cocker, en 1969, qui sur la scène de Woodstock, se laissa aller à un riff endiablé sur une guitare invisible.
Un Gersois pour la relève
En France, c’est en 2002 que le phénomène prend son envol. Il explose en 2009 grâce à Sylvain Quimène, alias Gunther Love. Le guitar hero, comédien de formation, devient champion du monde. Que ce soit pour le côté kitch de son look ou pour ses performances déjantées, il devient une icône du air guitar en remportant un second titre mondial d’affilée. Il écume alors les plateaux des émissions TV, monte le groupe les Airnadette qui fait l’objet d’un long reportage sur Canal+ et avec lequel il crée « La Comédie musiculte Airnadette » que la troupe adapte actuellement en anglais pour partir en tournée mondiale… tout cela pour avoir fait semblant de jouer d’une guitare, un soir d’été en Finlande…
Et si un Gersois prenait la relève ? Cet après-midi, il faudra se transcender sur les deux scènes de Kiosq’n rock, installées de chaque côté du kiosque sur la place de l’Astarac. Venir déguisé serait une riche idée. Laisser pour un instant ses neurones au repos en serait une autre.
Il n’y a pas vraiment de règles dans ces concours d’air guitar, à partir du moment où la musique (un morceau de 60 secondes au choix des participants) démarre. Jouer guitare dans le dos ? Avec les dents ? Les mains croisées ? Tout peut s’envisager à condition que l’on reconnaisse, au milieu de cette folie, un guitariste.
Kiosq’n rock crée le buzz
Quoi qu’il arrive – puisque tout peut arriver – il en est qui ont d’ores et déjà réussi leur coup. Même s’il ne repose pas sur ce seul concours, le Kiosq’n rock, premier du nom, a fait parler de lui avant même son coup d’envoi. Ce qui n’était pas forcément facile à envisager, alors que cette manifestation, montée à la hâte, avait pour tâche de combler l’énorme vide laissé par le festival de country de Mirande et ses milliers de fidèles.
La fréquentation sera sans doute revue à la baisse, ce week-end. Mais la commune gersoise a encore réussi à créer le buzz.
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