Un guitar hero ne meurt jamais. Nos cordes sensibles vibrent encore au solo d’anthologie de feu d’Alvin Lee, le guitariste des 10 Years After, décédé le 6 mars, près de 45 ans après Woodstock. Il avait en effet bluffé le public d’alors et encore les amateurs d’aujourd’hui avec le morceau “I’m going home”.
Pour lui rendre hommage, nous avons sélectionné 10 solos qui ont fait date, et sur lesquels s’escriment encore des générations de guitaristes en herbe. Revue avec l’aide du formidable magazine Guitare Xtreme, et de l’un de ses spécialistes, Ludovic Egraz :
1/ Jimi Hendrix – “Villanova Junction”
Commençons par le diabolique Jimi Hendrix et revenons à Woodstock avec son “Villanova Junction”. Là, c’est le jeu de la main droite du guitariste qui démontre une nouvelle fois la virtuosité. Mais il faut immédiatement noter qu’ Hendrix était un gaucher qui jouait sur une… guitare de droitier !
Note technique : Jimi Hendrix montait les cordes mi, la, ré, sol, si, mi en fonction de cette inversion par rapport à la norme. Et il dormait avec son instrument.
2/ Eric Johnson – “Cliff of dovers”
Puis allons faire un tour chez Eric Johnson, avec sa très mélodique interprétation de “Cliff of dovers”… Tout en douceur pour atteindre les sommets. C’est ça le doigté dans la mesure… et dans le bon rythme.
3/ Eddie Van Halen – “Eruption”
On monte le son (ou le baisse, c’est selon les voisins) avec “Eruption” d’Eddie Van Halen, maître de solo possédé.
Note technique : Van Halen a marqué les esprits des guitaristes avec un “taping” des deux mains sur la touche.
4/ Eddie Van Halen – “Beat It”
Eddie Van Halen – bis ! – sans qui “Beat It” de Michael Jackson ne serait qu’une faiblarde ritournelle.
Le solo est d’une puissance phénoménale et la vitesse des doigts sur les “cases” ravit autant les oreilles qu’elle dépasse l’entendement de tout pratiquant de l’instrument. Seul hic, l’état des vidéos captées en live disponibles nous conduirait sans doute à brûler dans l’enfer des tueurs de son. Ecoutez plutôt le morceau, nettement plus audible, via le clip officiel de Bambi :
Michael Jackson – Beat It par MichaelJackson-Sony-Official
5/ David Gilmour – “Another Brick in the Wall”
Petit retour dans le passé avec David Gilmour des Pink Floyd pour un magnifique “Another Brick in the Wall”, avec des montées dans les aigus vertigineuses :
Another Brick in The Wall Live Part 1 2 [Edition with Roger Waters David Gilmour] from SauloSKT on Vimeo.
6/ Eagles – “Hotel California”
Et puisque nous sommes dans les fondamentaux, n’oublions pas qu'”Hotel California” des Eagles n’est pas qu’un interminable slow où vous, mesdames, aviez eu tant de mal à vous débarrasser du gros lourd qui sentait le whisky-coca et l’after shave… Aux manettes du solo, Don Fedler.
7/ Metallica – “Master of Puppets”
Allez, on se réveille avec Metallica et “Master of Puppets”, à la vitesse d’exécution foudroyante. Kirk Lee Hammett et ses doigts de virtuose tiennent le mediator.
8/ Zappa – “Easy Meat”
Et on ne zappera pas Zappa et son “Easy Meat” !
Pas si facile (enfin presque impossible) à reproduire sans caricature.
Note technique : il s’agit d’un jeu sur le modal puissance 1.000 à la moulinette d’un phaser. A savoir, le filtrage du signal pour engendrer une suite de hauts et de bas dans le spectre des fréquences, avec des modulations. Zappa utilisait aussi la distorsion, effet que l’on peut obtenir avec une pédale qui rendra le son clair de la guitare plus “crunch” et augmentera le sustain de la note, à savoir sa durée sans qu’elle soit rejouée.
9/ Gary Moore – “Parisienne Walkways”
Allons, soyons mainstream et à défaut d”I love you more than you’ll ever know” proposé par “Guitare Xtreme”, on vous propose le plus évident “Parisienne Walkways” de Gary Moore.
Note technique : Encore un gaucher (comme Hendrix) qui a dû s’arranger avec les guitares de droitiers. Gary Moore nous donne une belle démonstration de la “note infinie” et d’un va-et-vient sur le manche, aigus-graves dont chaque déplacement provoque un râle puissant à vous hérisser le poil.
10. Django Reinhardt – “Minor Swing”
Finissons par “Minor Swing”. Ce morceau emblématique du jazz manouche, et de son père, Django Reinhardt, est joué à la guitare acoustique de type Selmer. Mais il fait savoir que le maître sinti a aussi exploré la guitare électrique !
Inventeur de son style, qu’il forgera avec un handicap à deux doigts de la main gauche, il se distingue par un sens de la composition et de l’improvisation génial. Si la “pompe” (accompagnement typique à la guitare rythmique du jazz manouche) est relativement facile sur ce morceau, le génie menait sa structure harmonique avec une maestria époustouflante.
Mais on aurait pu se faire aussi plaisir avec Led Zeppelin, The Rolling Stones, Eric Clapton, Bob Marley, Carlos Santana, Jeff Beck, Joe Perry, Jimmy Page, B.B. King, ZZ Top, Dire Straits…
Bref, quelques idées pour hérisser le poil des amoureux de la six cordes et encourager ses apprentis… A moins de désespérer ces derniers !
Selon vous, quels sont les solos les plus compliqués à réaliser à la guitare ?
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