Une guitare qui a même le droit à sa propre chanson
“Celle-là, c’est ma numéro un”, glisse Louis Bertignac en saisissant dans un coin de son studio une antique Gibson marron foncé, la préférée de toutes les guitares amassées au fil du temps par cet amoureux transi de la six cordes et de Jimi Hendrix.
A cette Gibson SG “Junior” de 1963, acquise d’occasion pour “20 dollars” à un “ex-taulard” lors d’une virée américaine lorsqu’il avait 18 ans, l’ex-Téléphone rend hommage dans l’une des treize chansons de son nouvel album solo, “Suis-moi”, sorti ce 15 septembre 2014. L’occasion de parler guitares avec l’un des plus célèbres virtuoses du médiator de France.
Pourquoi la guitare ?
Vers 14 ans, il a fallu que je choisisse un instrument, ma soeur c’était le piano et moi la guitare, parce que c’était assez facile à trimballer. On peut partir en vacances avec et c’est plus simple pour draguer! J’aimais beaucoup le son de la guitare électrique, c’était comme de la science-fiction.
Comment avez-vous appris ?
Comme il n’y avait pas de prof pour le rock à l’époque, j’ai beaucoup joué sur les disques, des heures dans ma chambre. J’ai joué avec les Stones, Humble Pie, les Beatles, Pink Floyd. Je mettais un disque, je fermais les yeux et j’étais avec eux. Et à la limite, si à la fin du morceau j’avais bien joué, j’imaginais Keith Richards qui me disait : +c’est bien, tu progresses+… Mais le maître pour moi, ça reste Hendrix, au niveau de l’attitude, du jeu, de la fluidité. Il a apporté un truc en plus.
Vous avez beaucoup de guitares ?
Je n’ai jamais compté, entre 20 et 40. Je ne suis pas collectionneur, ce sont des trucs que je ramène quand je vais à Nashville ou à Memphis, par exemple. Je me dis toujours que ça risque de devenir la guitare de ma vie. Pendant les premiers jours, elle me plaît, et puis après je retrouve ma Junior, et tout de suite, il n’y a pas photo, c’est celle-là.
Qu’a-t-elle de spécial cette Junior ?
C’est ma guitare! Les autres, ce sont de bonnes guitares, mais celle-là, c’est mon bébé. C’est celle qui m’a coûté le moins cher, c’est un ex-taulard qui me l’a vendue aux Etats-Unis. Il me l’a mise entre les mains un jour, je l’ai essayée et j’ai complètement craqué. Elle était faite pour mes doigts, le son aussi était génial. A la fin, évidemment, je lui ai dit : tu ne veux pas me la vendre ? L’affaire s’est faite pour 20 dollars… J’avais 18 ans, je l’avais à l’époque de Téléphone et je l’ai toujours. J’ai fait à peu près tous les concerts sauf un ou deux avec.
D’où l’envie de lui consacrer cette chanson “Confidences de ma Junior” ?
Les guitares, c’est une grosse partie de ma vie, pratiquement sur chaque album, j’ai un morceau qui parle de guitares. Mais là, pour la première fois, c’est un morceau qui a été écrit par la guitare pour moi! En général, je dis merci à ma guitare, t’es mon bébé, elle pleure un peu, etc. Là, c’est elle qui me parle, qui me dit merci de m’avoir fait voyager, merci de me changer les cordes de temps en temps.
Jamais d’infidélité avec d’autres guitares ?
En studio, je ne me pose pas la question de savoir quelle guitare je prends, c’est la Junior, toujours. Si vraiment je me dis, après avoir entendu l’enregistrement, il faudrait peut-être un autre son, alors je fais le tri. Si je veux un son doux et sale en même temps, cela va être une Les Paul (Gibson). Mais si je veux un son brillant, en rythmique, ce sera une Telecaster (Fender), et si c’est pour un solo, ce sera la Stratocaster (Fender), magique, celle de Jimi !
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