Infiniment regrettable est le nouveau coup de froid qui vient de s’abattre entre le Rwanda et la France à propos du génocide de 1994 : infiniment regrettable car il dégradera durablement les relations entre deux pays qui avaient fait l’effort de se rapprocher, infiniment regrettable car il se produit en un moment où la communauté internationale se mobilise pour venir en aide aux pays du Bassin du Congo confrontés à des crises ethniques et religieuses en série, infiniment regrettable car il montre à quel point les blessures ouvertes il y a vingt ans sont loin d’être refermées.
Ne disposant pas des informations qui nous permettraient de flétrir l’attitude de l’un ou l’autre des protagonistes de ce drame, nous nous garderons bien de porter le moindre jugement sur la résurgence de leurs querelles. Nous dirons simplement que la situation présente dans cette partie de l’Afrique devrait inciter les autorités des deux pays à plus de retenue, à plus de compréhension aussi à l’égard de ceux et celles qui se trouvèrent plongés dans l’une des pires tragédies du siècle précédent. Cela ne les empêcherait nullement de continuer à chercher la vérité là où elle se trouve enfouie, mais permettrait de prévenir la réédition de ce drame en d’autres lieux.
De la Shoah qui décima le peuple juif pendant la Seconde Guerre mondiale au génocide qui massacra les Tutsis, en passant par la Révolution culturelle chinoise et les crimes commis par les Khmers rouges au Cambodge, la liste est longue, tragique, épouvantable, des drames sur lesquels la communauté internationale dans son ensemble a fermé les yeux au cours des cent dernières années, ne se réveillant que quand l’innommable avait pris fin. Et c’est pourquoi tout doit être mis en œuvre aujourd’hui afin que de pareils drames ne se renouvellent pas.
La pire erreur que peut commettre aujourd’hui l’homme serait de croire qu’il a suffisamment évolué, grâce au progrès technique et à l’amélioration générale des conditions de vie, pour se respecter lui-même. Les massacres perpétrés ici et là à travers le monde prouvent qu’il n’en est rien. Soyons donc assez sages pour édicter tant qu’il en est temps les règles qui mettront l’humanité à l’abri de sa propre folie. Il y a manifestement urgence !
Be the first to comment