Un professeur de guitare pas comme les autres

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ienvenue dans une colonie de vacances un peu particulière : l’Académie musicale de Royan. Ici, il y a certes 126 jeunes de tout âge logés pendant deux semaines au bord de la mer, mais ils sont là en stage de musique. Encadrés par huit animateurs, deux régisseurs, 16 professeurs et répartis selon leur instrument de prédilection, ces jeunes musiciens en herbe pratiquent jusqu’à huit heures de musique par jour.

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Et parmi les professeurs présents, il en est un nouveau qui est pourtant loin d’être le plus méconnu. « Tout est parti d’une taquinerie de Yann, le directeur artistique de l’Académie, en février. Il n’y avait pas de professeur de guitare et m’a donc dit qu’il n’y aurait pas de guitare enseignée cet été à l’Académie… sauf si je venais ! », révèle Emmanuel Rossfelder.

Vainqueur d’une Victoire de la musique en 2004, Emmanuel prend note de la boutade et s’organise pour être présent. « J’ai réussi à caler mes concerts avant le 7 et après le 18 juillet et je ne le regrette pas. » Il faut dire qu’au-delà de l’amitié qu’il porte au directeur artistique, Emmanuel est très attaché au Pays royannais. Et pour cause : « ma fiancée vient de Saint-Palais et je l’ai rencontré ici il y a six ans », confie-t-il en désignant Maëva, sa compagne violoniste, également présente dans la salle.

« Star Wars » à la guitare

Après quatre jours de pratique à huis clos, les élèves de l’Académie donnaient leur premier concert au Temple de Saint-Sulpice-de-Royan. Et bien sûr, c’est Emmanuel, accompagné de ses dix élèves vêtus de chemises noires qui ouvraient le bal. Dans son discours introductif, Yann Le Calvé, le directeur artistique, ne tarit pas d’éloges sur ce professeur d’un été. « Emmanuel est excessivement généreux et a donné de sa personne pour vous proposer ce concert. » La centaine de personnes présente en cette fin d’après-midi dans le Temple ont pu écouter un répertoire varié, allant de l’« Habanera de Carmen » au thème de « Star Wars » en passant par des musiques espagnoles et sud-américaines.

Le show Rossfelder

Quand il joue, Emmanuel Rossfelder ne se distingue pas seulement par sa chemise blanche qui détonne par rapport aux costumes sombres de ses élèves. Entre humour qui fait mouche (au moment de jouer le morceau « Aquellos ojos verdes », il demande à ceux qui n’ont pas les yeux verts de les fermer, déclenchant les rires de la salle), posture droite et souriante durant les morceaux, le guitariste sait captiver son auditoire.

Il sait également se montrer protecteur envers ses élèves. À la fin du concert, il laisse ainsi deux jeunes musiciens se produire seuls devant l’assemblée. Et quand le second a un trou de mémoire, Emmanuel reste tapi dans l’ombre, s’accroupit et joue discrètement la mélodie afin de remettre sur les bons rails son élève qui terminera le morceau seul.

Après une heure de concert, Emmanuel rassemble sa troupe devant le Temple afin de leur distiller quelques précieux conseils, toujours avec le sourire. « Ce qu’ils ont fait, c’est génial ! Ils n’ont quand même découvert les partitions que dimanche soir ! », explique, impressionné, le guitariste chevronné.

Mais très vite, le perfectionnisme de l’artiste revient au galop. « Nous n’en sommes qu’au début et avons plusieurs concerts les prochains jours. Ça sera l’occasion de faire mieux, c’est galvanisant. »

Les élèves semblent en tout cas ravis. Estelle faisait partie des deux élèves qui ont pu jouer en solo aujourd’hui, et elle est enchantée. Après ce stage, la jeune guitariste partira pour un an au Mexique. Et elle n’a qu’une préoccupation : « que je revienne à temps pour faire le stage de l’année prochaine ! »

Antoine Magnan

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