La vie qui swingue de l’ex-guitariste classique


Quartet jazz-rock et duo contemporain

La victoire de son groupe Jokary, l’an dernier au tremplin régional du festival Orléans Jazz, a rappelé Arthur Pierre aux bons souvenirs de certains Blésois, même si, du côté du conservatoire, on a pu s’étonner de voir l’ancien premier prix de guitare classique sur le terrain du jazz.

Aujourd’hui, à 28 ans, menant de front un nouveau projet jazz et un duo de musique contemporaine, le guitariste affirme son intention de tracer son chemin personnel sur les scènes de l’Hexagone, et au-delà (lire ci-dessous). Un chemin qu’il a mis du temps à entreprendre, malgré un début sur les chapeaux de roue.
« J’ai découvert le jazz à Blois vers 15-16 ans grâce à Éric Plaisant qui m’a d’ailleurs prêté ma toute première guitare électrique, raconte Arthur Pierre, et je me souviens avoir participé aux toutes premières soirées bœufs de l’association Jazz Libitum, accompagné par mes parents ! »
Sérieux, le jeune homme passe quand même son bac S. Avant de décider de ne plus faire que de la musique, suivant des cours à l’école associative Jazz à Tours, tout en donnant lui-même quelques cours de guitare classique.
La rencontre décisive se produit en 2004. Michel Perez, grand guitariste de jazz – il a notamment joué dans le film de Tavernier, Autour de Minuit, avec les pointures américaines que sont Herbie Hancock, Tony Williams et Wayne Shorter –, propose de lui donner des cours.
« Pendant un an et demi, je suis allé à Orsay une journée par semaine, continuant le reste du temps à enseigner dans des associations à Tours. Et puis, en 2005, j’ai réussi le concours d’entrée de l’école de jazz de Didier Lockwood. »
Établissement réputé pour la qualité de sa formation, le Centre des musiques Didier Lockwood est une pépinière de talents dont sont issus bon nombre de musiciens de jazz professionnels. S’il joue aujourd’hui avec certains d’entre eux, Arthur n’a cependant pas immédiatement pris ce chemin. « A la sortie de l’école, on m’a proposé un poste de prof de guitare à Mayotte, et comme j’adore les voyages, je n’ai pas hésité longtemps ! »
L’année passée là-bas, – « une grosse claque, musicalement et humainement » – a laissé des traces, sensibles notamment dans certains morceaux écrits pour Jokary, mais l’appel de la scène parisienne se fait plus fort que l’envie d’Afrique.
Le Blésois rentre en France, reprend quelques cours de guitare avec des jazzmen comme Manu Codjia ou Frédéric Favarel, rencontre le pianiste international Jean-Michel Pilc, traîne dans les bœufs parisiens, reprend contact avec ses copains de l’école Lockwood, décroche des cachets dans la variété… Et finalement, obtient son statut d’intermittent.
« Le jazz, ce n’est déjà pas une scène très importante en France, et pour un guitariste encore moins », témoigne Arthur, qui, au bout de cinq ans, commence tout de même à se faire sa place. La victoire au tremplin d’Orléans l’an dernier, suivie d’une belle 5e place au tremplin du festival de Hoeilaart (Belgique) ont sans doute apporté le petit supplément de confiance nécessaire. Le jazz contemporain devra désormais compter aussi avec le musicien blésois.

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