Une autre légende de la guitare

L’image la plus connue de Napoléon Coste, avec un échantillon de ses guitares, instrument qu’il savait adapter à son inspiration. Photo DR

JJ Cale vient de mourir. Selon l’expression consacrée, il était « une légende de la guitare ». Rock, en l’occurrence.

La formule s’applique fort bien aussi à Napoléon Coste. Mort à Paris en 1883, né en 1805 à Amondans, charmant village près d’Ornans et d’Amancey, dans le Doubs.

Avec le poids d’un tel prénom dû à son père, militaire et fervent bonapartiste, le Doubien aurait pu très mal finir… Il n’en fut rien, grâce à sa mère qui prit soin de lui apprendre la guitare dès l’âge de 6 ans.

Faites le test dans les milieux « accro » à cet instrument, du moins dans son univers classique. Coste est une très grande référence. Comme interprète (il est souvent présenté comme le meilleur virtuose français de son époque). Et comme compositeur (il a écrit une soixantaine d’œuvres, dont une partie s’écoute aisément sur You Tube).

Ces dernières années, grâce à quatre « compatriotes » comtois, Coste est un peu sorti de sa sphère confidentielle.

Nous avons nommé : le père Noël Roncet, actuellement curé à Morteau, également natif d’Amondans et auteur d’un petit fascicule (50 pages), sur la vie et l’œuvre de notre Napoléon à nous. Mais aussi Fabrice Ferez, hautboïste à l’orchestre Victor-Hugo Franche-Comté ainsi que chef du Philharmonique de Besançon. Michel Cachot, qui allie spectacles de magie et rôle de récitant lors de concerts. Et Philippe Roux, prof de guitare au Conservatoire de Besançon, lauréat de prix de prestige comme interprète sur cet instrument.

Ferez, Cachot et Roux ont fait revivre la musique « costienne » lors d’une tournée dans la région en 2004-2005 (pour le bicentenaire de la naissance de l’artiste). Tournée habilement conçue autour d’un thème, « La guitare dans l’atelier ».

« La Source du Lyson »

« L’atelier fait référence à “L’Atelier du peintre”, cette œuvre majeure de Courbet. Sur cette immense toile se trouve une guitare. Nous avons imaginé qu’il s’agissait de celle de Coste et avons monté un spectacle autour de ce fil conducteur », explique Michel Cachot.

Courbet et l’enfant d’Amondans furent contemporains, « mais il est assez peu vraisemblable qu’ils se soient rencontrés. Politiquement, ils n’étaient pas du même bord. »

Gustave : la gauche radicale. Napoléon : certes pas un « réac », mais en tout cas, quelqu’un de très modéré.

Du reste, la « couleur » des compositions « costiennes » reste très classique, selon Michel Cachot.

La mélodie qui ressort de ses partitions est remarquablement élaborée, tout en semblant quelque peu, disons, répétitive.

En tout cas, remarquable aussi, chez Napoléon, est son talent de pédagogue, qui s’est épanoui au contact de son maître, Fernando Sor, dont la réputation est largement parvenue jusqu’au XXIe siècle.

« Coste est l’auteur d’une méthode d’apprentissage de la guitare classique qui reste parfaitement valable aujourd’hui », souligne Michel Cachot.

La fin de Courbet, mort en exil en Suisse, est triste. Comme fut celle du musicien. En pleine gloire, alors qu’il peut briguer la victoire dans les plus grands concours internationaux, il chute et se casse un bras. Rideau sur sa carrière.

Mais coule toujours (titre d’une de ses œuvres) « La Source du Lyson ». Avec un « y », oui, alors que cette rivière chère aussi à Courbet s’écrit avec un simple « i ».

Alors, Lyson ou Lison : lisons, pardon, écoutons.

Demain, suite de cette série, avec Charles Sauria, l’homme qui joue avec des allumettes.

Joël MAMET

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