100 guitares pour 100 ans

2015 marque le 100e anniversaire de Les Paul, inventeur de la guitare électrique. D’où le projet fou de réunir 100 de ces « instruments du bonheur ». Entretien à la veille d’atypiques auditions.​
 

Tim Brady a déjà donné un concert à quatre guitares, puis à 20. Son ensemble prend du coffre une fois de plus et devient Instruments of Happiness Extrême. Des auditions ce dimanche visent à recruter 80 guitaristes qui s’ajouteront aux 20 professionnels déjà rassemblés en vue d’une prestation dans l’Atrium du Complexe Desjardins à l’occasion du festival Montréal/Nouvelles Musiques en mars prochain.

 

« Tout le monde est conscient de l’impact de Les Paul sur la musique, affirme le compositeur et fervent guitariste montréalais. C’est donc un hommage, mais ce n’est pas un projet unique. J’aimerais le refaire [il vise déjà le début avril]. L’hommage est une manière de lancer mon concept à 100 guitares. »

 

En donnant naissance à la guitare à corps plein en 1941, Les Paul a ni plus ni moins permis au rock’n’roll d’exister, puis de triompher. Il a aussi joué un rôle majeur dans le développement des techniques d’enregistrement multipiste. « Difficile d’imaginer la musique aujourd’hui sans ces deux inventions », selon Tim Brady.

 

Le guitariste de jazz et de country américain a de plus légué une guitare légendaire, la Gibson Les Paul, que Tim Brady n’a toutefois pas adoptée. Il lui préfère les modèles des luthiers québécois et américain Robert Godin et Paul Reed Smith. Avec ces derniers et en discutant souvent avec les vendeurs du mythique magasin Steeve, il a conclu que la guitare était l’instrument du bonheur par excellence.

 

« Quand tu prends une guitare dans tes mains, tu ne peux pas être triste, dit-il. C’est comme une drogue qui n’a aucun effet néfaste. » Le compositeur reconnu pour fréquenter le jazz comme la musique de chambre et les oeuvres électroacoustiques a produit une vingtaine de CD depuis 1988, dont Atacama : Symphonie #3 (Atma Classiques, 2013), en lice pour un prix Juno en 2014, et 24 Frames (Ambiances magnétiques, 2011). Avec son ensemble Bradyworks, il a joué au pays et souvent à l’étranger.

 

Ses formules de concert à quatre, puis à 20 guitares, « ont tellement bien marché » qu’il s’est donné un nouveau défi. Et tout un, « parce que l’écart technique risque d’être énorme, dit-il. On va avoir des gens qui jouent très bien et d’autres, moins. » Mais Tim Brady aime l’énergie des musiciens amateurs, à qui il donne des ateliers depuis huit ans.

 

« Il y a une telle absence de cynisme, note celui qui, malgré son optimisme naturel, avoue manquer parfois d’entrain après 35 ans de carrière. J’adore travailler avec des gens qui ont un amour pur pour la musique. C’est cette passion que je veux canaliser dans le projet. »

 

La pièce d’un peu plus de 12 minutes qui leur sera transmise, 100 Very Good Reasons Why, mise sur la multiplicité et le mélange des timbres. « Le but n’est pas de jouer fort, mais de créer un effet orchestral. »

 

Celui qui fréquente les orchestres ces derniers temps estime se faire un gros cadeau ainsi qu’à tous les aficionados de la gratte. Car « jouer avec 50 ou 70 personnes, c’est une expérience unique, à laquelle les guitaristes ont très peu accès. Au gros max, ils sont quatre, ou peut-être sept sur scène. Et c’est une tout autre expérience d’écoute aussi pour le public. »

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