Dix-huit heures. L’artiste vient de se réveiller. Sa vie, depuis plusieurs décennies, est rythmée par les nuits blanches. Aujourd’hui, le Grand théâtre l’accueille pour un concert piano-voix très attendu par ces fans. Pause interview pour cette artiste hors-norme et hors modes.
Vous arrivez sur scène avec comme alliés un piano et votre voix cristalline.
Exact. Il y a un fil conducteur, un travail entre le son et la lumière. Pour le reste, tout se fera au feeling avec le public. J’ai une quarantaine de titres et je piocherai dedans, selon l’ambiance de la salle.
Reste que vous ne pouvez pas laisser de côté vos grands standards. Aline, les paradis perdus, les mots bleus.
Évidemment. Il y a certains titres que je joue à chaque concert. Pour le reste, je le répète, rien n’est programmé.
Le piano, c’est nouveau pour vous.
J’ai commencé le piano il y a un an et demi. Ces concerts me permettent de progresser, de proposer autre chose au public et à moi-même.
Cette scène, ce contact avec le public, vous lui avez tourné le dos durant de nombreuses années.
C’est vrai. Dans les années 60, j’ai fait des galas durant deux ans. Le son, la lumière étaient tellement catastrophiques que cela m’a dégoûté de la scène. Je ne suis revenu qu’en 2001, quand la technologie m’a permis de produire les sons que je désirais.
Aujourd’hui, vous avez trouvé votre équilibre entre scène et studio.
Exactement. Cet équilibre est primordial pour moi, pour ne pas m’ennuyer, pour me faire plaisir.
Il se dit que vous préparez un nouvel album.
Je veux créer quelque chose d’original, du plus haut niveau possible, avec une évolution sur ma voix. Je travaille là dessus depuis plusieurs mois. Je veux que ma musique me ressemble. Ce n’est pas toujours facile à retranscrire. L’important, c’est se régaler, prendre du plaisir, innover.
Comment Christophe, dandy un peu vieilli, trouve-t-il l’énergie créatrice pour se renouveler après presque cinquante ans de carrière?
Il n’y a pas de remède pour rester jeune. Je regarde rarement en arrière. C’est tout simplement la passion de l’art, rester honnête dans sa route personnelle. L’amour, la passion, du travail. C’est ma potion à moi.
Vous vivez toujours la nuit.
Absolument. Après tant d’années, on peut plus changer. Je me lève vers 17 h 30 et je me couche à 10 heures, 10 h 30.
C’est la bonne heure pour travailler
Je ne travaille pas énormément. Je suis seulement mon inspiration. C’est simplement que j’adore vivre comme cela.
Il vous arrive encore d’aller boire un verre dans une boîte branchée de Paris?
Bien sûr. J’aime découvrir un nouvel endroit, un nouveau lieu de la nuit parisienne vers 3/4 heures du matin.
Et la passion des belles voitures, c’est terminé.
Je n’ai plus le permis depuis 13 ans.Je me refuse de le repasser. Le permis à points est une idiotie, une bêtise sans nom. Du coup, j’ai un chauffeur. Et quand je vois aujourd’hui l’état d’esprit de la majorité des conducteurs, je préfère être passager. On n’est plus dans le schéma du plaisir. Alors ça ne m’intéresse pas . Mais je tenais à remercier la préfecture de police de Paris. (Rires). Grâce à elle, j’ai fait de belles économies.
Vos fans sont-ils les mêmes qu’à vos débuts dans les années 60.
Absolument pas. Cette génération m’a abandonnée au fil des ans. Aujourd’hui, ce sont les 20/40 ans qui sont impatients de connaître mes nouvelles créations. C’est une fierté de rencontrer ces jeunes gens. Cela me donne l’envie d’aller plus loin, de leur faire plaisir, de me faire plaisir.
Be the first to comment