Après deux premiers albums qui ont bien marché, vous avez sorti en octobre Square Eyes. Aviez-vous peur d’être attendu au tournant ?
Non, j’ai la chance d’avoir plusieurs casquettes, de faire aussi de la musique pour les autres. Du coup, je vois Yodelice comme mon petit kiff personnel. Savoir si ça va plaire à tel public ou tel média, je l’ai fait pendant des années pour les autres alors, avec Yodelice, je relâche tout…
Vous faites de la musique depuis tout petit. Qu’est-ce qui, en 2009, a motivé la création de Yodelice ?
Longtemps, j’ai été dans un circuit de musique populaire, de variété, où il faut faire de la musique en tenant compte des formats, des radios, etc. J’ai fait ça pendant 12 ans et, au bout d’un moment, je m’ennuyais. Alors, un jour, j’ai eu envie de raconter mes propres histoires.
D’où vient le terme Yodelice ?
C’est l’anagramme de Yolande, Adèle et Alice – mes grands-mères et une arrière-grand-mère – qui a donné le nom à une maison en Espagne où j’ai écrit mon premier album. C’est pas très rock’n’roll, mais c’est enraciné en moi. Ça me collait plus que « The… » quelque chose pour l’avatar que je voulais créer !
« C’est pas évident d’écrire pour Johnny… »
Il y a un côté burtonien chez Yodelice. Quelles sont vos influences ?
La comparaison à Burton me touche car j’adore son univers mais, étonnamment, ce n’est pas chez lui que j’ai puisé l’inspiration. J’ai toujours été fasciné par l’image, qui prend d’ailleurs une part tellement importante aujourd’hui. J’adore par exemple les films impressionnistes allemands du début du siècle de Fritz Lang ou, plus récemment, des films comme The Elephant Man, ceux qui abordent les apparences sombres pour dévoiler derrière un gros cœur. C’est ce qui m’a inspiré Yodelice : mon « clown » et sa larme graphique sur la joue, portée avec fierté comme une cicatrice des émotions qu’il a vécue, dans un monde où on se cache plutôt pour pleurer…
Vous continuez l’exercice d’écriture pour les autres en parallèle ?
En fait… oui ! Je suis justement en studio, à composer pour notre patron national, Johnny. Je me prends la tête, c’est hyper dur, car il représente tellement de choses, à la fois très rock et populaire. C’est pas évident d’écrire pour lui, mais un vrai bonheur car ses influences sont les miennes aussi : Johnny Cash, Chuck Berry, Gene Vincent, etc.
Est-ce compliqué de jongler entre votre univers et ceux des autres ?
Oui et non… Ce que j’aime dans la musique, c’est le partage. Il n’y a rien de plus enrichissant que de travailler avec quelqu’un qui ne vient pas de son univers et de se mettre à son service. Combiner l’exutoire qu’est Yodelice, qui m’apporte la confrontation avec le public, et mon travail de compositeur-producteur pour d’autres est un bon équilibre.
Et dans cet univers à vous, vous chantez toujours en anglais. Pourquoi ?
Je suis tenté de répondre « pourquoi pas » ! J’ai passé mon adolescence en Angleterre pour étudier, j’ai un rapport à l’anglais très proche dû à cette expérience et mes influences musicales. C’est venu naturellement.
En 2010, vous avez marqué le public avec Talk To Me dans Les Petits Mouchoirs. On vous en parle souvent ?
Oui, assez souvent… C’est étrange de voir autant de retours pour cette chanson que j’ai écrite pour un moment spécial, ce film, et qui n’existe pas en dehors. C’est extrêmement touchant de voir qu’elle a une vie parallèle.
Vous avez beaucoup collaboré avec Guillaume Canet et Marion Cotillard (qui l’a suivi sur une tournée, ndlr). Quels sont vos liens avec ce couple-star du cinéma français ?
Avec Guillaume, on se connaît depuis très longtemps, bien avant qu’il soit un réalisateur-acteur césarisé et oscarisé. Idem pour Marion. C’est des amis, mais aussi des artistes extrêmement sensibles passionnés de musique, et moi de cinéma. Du coup, on se comprend…
Pensez-vous que la musique et le cinéma se complètent ?
C’est très lié. Je ne vois rien d’étonnant à ce que des chanteurs finissent au cinéma et que des acteurs fassent un disque, car il est question d’interprétation, de rythme, de raconter des histoires et faire passer des sentiments.
Est-ce qu’on vous verra davantage sur les écrans à l’avenir?
Je ne le provoque pas, car je suis musicien avant tout. Mes expériences au cinéma ont été très récréatives ; maintenant, à moins qu’on me propose un rôle dément, ce n’est pas ma priorité.
Festival Pause Guitare, du 7 au 12 juillet à Albi.
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BIO EXPRESS
23 février 1979 : Naissance de Maxim Nucci à Créteil.
1994 : Âgé de 15 ans, il part à Londres pour intégrer le Musician Institute.
2006 : Il apparaît dans le film Ne le dis à personne de Guillaume Canet.
2009 : Il prend le nom de Yodelice et sort Tree of Life, Victoire de la Musique « Album révélation ».
2010 : Il chante Talk To Me dans Les Petits Mouchoirs, film de Guillaume Canet.
2013 : Sortie de son 3e album, Square Eyes.
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