Jim Hall est décédé le 10 décembre 2013 dans son appartement de Greenwich Village à New York. Dans le club finalement assez restreint des guitaristes de jazz, il fut un artiste à part, refusant de s’engager dans une quelconque pyrotechnie de virtuosité. Jim Hall était même l’opposé. Une sorte de chantre de l’épure. Un des plus grands impressionnistes de son instrument. Jamais une note de trop, tout dans la finesse et le silence pour mieux servir la mélodie, il était l’incarnation vivante de cette formule chère aux Anglo-saxons, less is more (le moins vaut le plus). Une langue qu’il pratiquera aux côtés de géants comme le pianiste Bill Evans, le saxophoniste Sonny Rollins, le trompettiste Art Farmer, le contrebassiste Ron Carter ou bien encore la chanteuse Ella Fitzgerald… Toujours ouvert aux nouvelles idées, Jim Hall travaillera avec ses prestigieux cadets qui revendiqueront son influence comme Bill Frisell, Pat Metheny et John Scofield.
Ses dernières années, Jim Hall s’était principalement consacré à l’écriture pour ensembles, mêlant jazz et classique. Un travail remarquable à déguster sur des œuvres telles que Quartet Plus Four pour quartet de jazz et quatuor à cordes, ou Peace Movement un concerto pour guitare et orchestre.
Né James Stanley Hall le 4 décembre 1930 à Buffalo, il débute l’apprentissage de la guitare à l’âge de dix ans, commençant à se produire en public dès son adolescence. Comme pour la plupart de ses confrères de l’époque, Charlie Christian et Django Reinhardt sont deux influences majeures pour le jeune Jim Hall qui se tournera pourtant assez rapidement vers d’autres sources d’inspiration, souvent éloignées de la sphère guitaristique. « J’ai rapidement essayé de transposer sur ma guitare le son luxuriant du saxophone ténor » aimait-il préciser lorsqu’on l’interrogeait sur le sujet.
Pendant qu’il apprend la théorie musicale au Cleveland Institute of Music, Jim Hall passe ses week-ends à jouer de la guitare, pas seulement jazz d’ailleurs, se rêvant compositeur et enseignant. Mais en 1955, peu de temps après avoir décroché son diplôme, il décide tout de même de tenter une carrière de guitariste professionnel. « Il fallait au moins que j’essaye ou sinon je l’aurai regretté toute ma vie… » Il s’envole alors pour Los Angeles où il étudie la guitare classique et intègre le quintet de Chico Hamilton, l’une des premières formations de jazz cool, abordant l’idiome de façon un brin chambriste… C’est l’époque où Hall travaille aussi avec la clarinettiste Jimmy Giuffre dont l’approche avant-gardiste de la composition comme de l’improvisation le marquera à jamais.
Nombreux sont les jazzmen à tendre alors l’oreille au son atypique de la guitare de Jim Hall. Au début des années 60, le saxophoniste Sonny Rollins, alors en pleine remise en question, l’intègre dans sa nouvelle formation. Une collaboration démentielle au cœur du chef d’œuvre The Bridge qui parait en 1962…
Autre rencontre magique, avec le pianiste Bill Evans cette fois. Les deux hommes enregistreront deux sublimes albums en duo, Undercurrent pour Blue Note en 1963 et Intermodulation pour Verve en 1966… La liste des autres complices de Jim Hall au début des années 60 comprendra notamment Ben Webster, Paul Desmond, Ella Fitzgerald, Lee Konitz, Sonny Rollins, Art Farmer mais aussi Tommy Flanagan et Ron Carter avec lesquels il formera un subtil trio.
Bill Evans et Jim Hall – © Blue Note
Après avoir brillé aux côtés des plus grands, Jim Hall consacrera la seconde partie de sa carrière à ses propres formations, souvent juste épaulé par une contrebasse et une batterie, enregistrant pour les labels CTI, AM, Concord ou bien encore Telarc. Durant les années 90, il consacrera une partie de son temps à l’enseignement à la New School For Jazz And Contemporary Music de New York… L’été dernier, il s’était produit aux côtés du tout jeune guitariste Julian Lage au Newport Jazz Festival de Rhode Island. Et le 23 novembre, il était encore sur la scène du Lincoln Center pour concert auquel ont participé également John Abercrombie et Peter Bernstein.
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