Renée Mourgues
Etoile filante de la pop et du rock, le génie de la guitare n’a pas fini d’alimenter les comptes en banque des biographes et rééditeurs. « Cet ouvrage a, pour ainsi dire, été écrit de la main de Jimi Hendrix » prétend le préfacier Peter Neal, évoquant une curieuse compilation d’interviewes, de confidences plus ou moins volées, de paroles de chansons griffonnées sur un coin de table, de lettres écrites à son père et textes épars recueillis ici et là.
Cette pseudo-autobiographie est née d’un projet de film sur le musicien disparu concocté avec Alan Douglas, exécuteur testamentaire d’un héritage discographique et artistique âprement disputé.
Pourtant, on succombe vite au charme vénéneux de ces fragments narratifs traduits par Claire Breton, de ces bribes d’histoire personnelle un brin déjantées. Elles nous ramènent à l’hallucinante comète qui traversa son époque avec panache et folie. Sincère, touchant, attachant, cynique et drôle, Jimi Hendrix conte son monde avec la spontanéité de celui qui n’ambitionne pas de laisser d’autres traces que celles de sons prodigieux arrachés à sa guitare, d’une incomparable gestuelle, de tenues excentriques, de jeux de scène phénoménaux. Une aura d’éternité dans un genre inégalé.
Le parti-pris chronologique fournit ici de précieux repères, dans le sillage du gamin de Seattle élevé par son père, puis du jeune fou de musique prêt à tout pour s’y trouver et s’y perdre. Mort le 18septembre 1970 à 27 ans dans des circonstances troublantes, vraisemblablement liées à l’absorption d’un cocktail détonant de barbituriques et d’alcool, Jimi Hendrix, incarnation de la modernité absolue, ne laisse pas d’époustoufler, de stupéfier et de défier les générations d’hier et d’aujourd’hui.
« Mémoire d’outre-monde » de Jimi Hendrix. Ed. Jean-Claude Lattès. 254p. 22,90€.
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