Assis sur un banc public, le regard en oblique, Sam fait gémir sa guitare de quelques plaintes andalouses aux rythmes cadencés du bruit des souliers des badauds martelant le pavé.
Un flot humain pressé, traversant en tout sens la citée, ignorant superbement cette mélopée ensoleillée, s’engouffre dans les bâtiments, les bus ou se fait dévorer par les bouches édentées du métropolitain. Le ballet incessant et bruyant des autos déverse à quelques mètres de lui ses particules de carburant fossile.
Employés, patrons, écoliers, ménagères ou chômeurs, kaléidoscope humain de cette société, tous semble ignorer les notes qui caressent leurs oreilles et qui essayent de pénétrer leurs conduits auditifs pour leurs dire : « Ecoutez, déstressez, n’oubliez pas que vous aller mourir alors stop ! Prenez votre temps, celui de vivre, de ressentir et d’aimer ».
Qu’est ce qui fait que presque tous court vers l’aliénation de la consommation, de la possession, de l’éphémère programmé et passe à côté des sensations naturelles et exceptionnelles que la vie leur a données ?
Quelques uns, tournant à peine la tête, posent machinalement un peu de monnaie à ses pieds. Geste sympathique qui fait apparaître un sourire sur le visage de Sam. Ils croient qu’il est là par nécessité, ce n’est pas faux, mais celle-ci n’est pas pécuniaire mais plutôt d’ordre médical. Une thérapie de la douceur par la musique pour une foule d’humain en perdition dans ce monde d’illusions qu’elle s’est créée.
Les hommes se soumettent chaque jour à de faux prophètes (princes de la finance), de fausses valeurs (monétaires) et ainsi, se punissent par des obligations en croyant se faire du bien. Ils s’échinent à accumuler pour pensent-ils mieux vivre mais, vivent rarement mieux par manque de temps de ce qu’ils ont accumulé. Le fait est qu’on perd de sa sérénité dans la convoitise.
L’anamorphose affiche de façon éclatante la fragilité du paraître. L’homme ne devrait pas oublier qu’il n’y a pas de vrai, il n’y a que du vraisemblable, des perspectives à travers un prisme qui donne des propositions pour se rapprocher de la vérité.
Les notes que font naître les doigts de Sam sur son instrument sont bien plus réelles et bien plus bénéfiques à l’esprit et à l’âme que les écrans plats, les 4×4 ou autres dérisoires phantasmes matériel qui iront à terme encombrer les décharges. Laissez tomber quelques instants vos objets, car une des principales erreurs et causes de la souffrance est d’avoir réduit le monde à la physique, à sa matière.
Pensez autrement, une nouvelle société, un nouveau paradigme ou l’argent serait un moyen partagé et non un but convoité. Je sais c’est du rêve, mais l’utopie c’est la réalité qui n’a pas encore eu lieu et n’oubliez jamais que les apparences sont bourrées d’incertitudes et que le monde est une anamorphose car on n’est jamais au bon endroit pour juger de sa perspective réelle.
Merci lecteur du temps consacré à cet article.
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